Un amer ressenti au constat de ces 65% d'électeurs qui ont clairement choisi la poursuite d'une politique libérale tellement décriée par une population qui n'a cessé de sanctionner un gouvernement socialiste accusé à juste titre d'avoir renié ses promesses de lutter contre une finance qui assèche et appauvrit, au profit d'une caste qui accumule.
Il me semble assister à un lent conditionnement des consciences pour entériner l'idée que la planète n'appartient pas à tout le monde, que les laissés-pour-compte de naissance devront se résigner à leur sort et ne pourront revendiquer un partage que les riches bien-intentionnés ne sauraient tolérer.
Serait-ce juste une bataille perdue ? Il est à craindre que le processus soit inexorable, les armes sont trop inégales, le lucre a pris le pas sur l'idée de paix et de partage, le profit à tout prix est devenu le concept moderne qui gouverne le monde, celui des banquiers et des multi-nationales pour lesquels les états d'âme sont inversement proportionnels à l'épaisseur des portefeuilles. Ceux là ont confisqué le pouvoir politique et sont parvenus à l'endoctrinement de la population par des médias aux ordres qui ont finit par produire une société moutonnière xénophobe, égoïste, indifférente aux turpitudes des puissants et aux préjudices induits inexorablement par un ultralibéralisme mortifère pour la planète et les laissés-pour-compte. La démocratie est un concept que les grands décideurs, sans le dire explicitement jugent maintenant obsolète, en Europe d'abord et maintenant en France où la gouvernance par ordonnances semble de fait acceptée par une forte majorité d'électeurs. La gauche institutionnelle n'existe plus et ne renaîtra pas, les puissants de ce monde veilleront à la maintenir à l'état d'embryon. Il ne faut pas compter sur un contre-pouvoir législatif : l'allégeance au nouveau prince et les ralliements de tous bords conforteront cette image bien française d'un parlement douillet où les convictions ne résistent guère aux privilèges de situation.
Il est presque obscène de nous présenter le vote Macron au deuxième tour comme un acte citoyen de sauvegarde des valeurs qui sont pourtant bafouées tout au long des quinquennats successifs. La xénophobie du FN est même entretenue bien au chaud pour servir de repoussoir au moment des grands choix, par une oligarchie financière qui fait mine de s'en offusquer pour bien tendre le piège classique du choix si peu cornélien dans lequel s'empressent de verser les bien-pensants. Pour solde de tout compte et avec une satisfaite bonne conscience, entre le risque du fascisme et l'acceptation d'une domination sans partage du capitalisme financier, le choix est vite fait par tous ceux dont la position sociale les protège de lendemains qui déchantent et qui, tous comptes faits pourront peut-être tirer profit des privatisations qui s'annoncent, et tant pis pour les miséreux qui crèvent de la destruction des services publics et d'une accumulation des richesses dont ils sont totalement exclus. Un chantage permanent qui sert si bien les intérêts des dominants, qu'ils s'efforcent de ne pas lutter trop efficacement contre l'évasion fiscale mais aussi contre le racisme et la xénophobie, comme en témoignent en France les prises de position des gouvernements successifs à l'égard des roms et des immigrés traités comme des parias. Dans ces incantations à la vertu républicaine de la part de ceux qui l'outragent à longueur de mandats, la morale n'y trouve guère son compte. Ce sera sans moi.