Oserais-je l'avouer, déjà en 81, avec une carte du ps que je cachais honteusement, je tractais pour François Mitterrand et à la nuit tombée mon seau de colle dans une main, accompagné d'autres redoutables révolutionnaires je collais de subversives affiches qui faisaient peur aux bourgeois. D'ailleurs en 68, étudiant dans la capitale, je m'étais déjà fait la main en déterrant les pavés du quartier latin. Et puis le temps a passé, je me suis un peu assagi, mais l'affreux gauchiste que j'étais encore a quand même voté François Hollande qui voulait mordicus combattre la finance.
Et puis, suprême infamie, en 2012, je me suis laissé aller à voter Mélenchon (ne le dites pas à la rédaction) chef du parti LFI. Cette formation honnie fut livrée à la vindicte médiatique comme un exutoire libérateur des instincts refoulés. Le bonheur de tous ces bien-intentionnés soudain dispensé, ce plaisir de dissoudre la France Insoumise et de clouer au pilori ses principaux représentants ne faiblit guère jusqu'à aujourd'hui.
L’incitation est forte, chaque jour voit naître de nouveaux arguments quelque peu fallacieux et quand le flux ralentit, le politicien soit-disant centriste qui ne veut pas être en reste, vient à la rescousse. Les « philosophes » sont également convoqués pour cautionner en temps qu’experts analystes de la pensée populaire, ce qui est devenu un impératif avéré pour que renaisse l’espoir : ce mouvement doit disparaître. La démocratie par le vide. Le collectif par amputation. Dans la foulée pourquoi ne pas abolir ce nouveau front populaire que l'on soupçonne être en dehors de l'arc républicain ?
Diable, au crépuscule de ma vie, voilà que je récidive, on m'apprend que mon appartenance à cette formation fait de moi un dangereux extrémiste, le Président lui même qui par fonction détient la Vérité ne cesse de le réaffirmer. Tant pis, soyons fou jusqu'au bout, je voterai quand même pour le NFP, une transgression qui, toute honte bue fait quand même plaisir.
Mais je me dis comme ça, si la minorité présidentielle veut devenir majoritaire, elle ne pourra pas demander la voix d'un extrémiste dissous. C'est grave parce que gouverner sans les deux extrêmes majoritaires me semble ni républicain ni démocratique. M'enfin j'ai sans doute pas tout compris à la pensée complexe du Président.