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Nous le savons tous, les Italiens sont dragueurs, ce n'est pas Eugénio qui va me contredire. Si Don Juan, libertin et cynique ne fut qu'un mythe, Casanova, lui, aventurier vénitien pas très beau mais séducteur impénitent compta à son palmarès plus de 140 italiennes (allez comprendre !). Rudolph Valentino au début du siècle, un tantinet gigolo, rendit folles quelques dizaines de femmes et que dire du beau Marcello, idole masculine des années 60... Mais assurément, le plus grand, le plus beau, le chouchou le plus adulé, c'est lui, vous en rêvez encore mesdames, ne le niez pas. Il vous présente ici l'une de celle dont, d'un simple claquement de doigt il faisait habituellement son quatre-heure.

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Mais nos amis Italiens, pour conserver la suprématie mondiale dans l'art de la séduction, ont dû faire preuve d'un chouia de roublardise : s'inspirant des travaux d'un de leurs plus célèbres mathématiciens, Leonardo Fibonacci (1175-1250),

il ont inventé un jeu qui leur a assuré à tout coup les faveurs de la belle : l'effeuillage de la marguerite, frivolité toujours pratiquée par les mâles dont les atouts physiques et les charmes de l'esprit sont notoirement insuffisants pour emballer ne serait-ce que du boudin.
Vous connaissez tous ce jeu : la femme convoitée dépouille la fleur, à chaque pétale enlevé, le sentiment de l'homme change de niveau, de « je t'aime » jusqu'à « pas du tout » en passant par « à la folie ». Mais, me direz-vous, que vient faire dans ce processus amoureux, le lointain Fibonacci ? Et bien, accrochez-vous, ce brave homme est l'inventeur d'une suite de nombre qui porte son nom et dont la construction est la suivante : les 2 premiers chiffres étant 0 et 1, les nombres suivants sont obtenus en additionnant les 2 précédents. On obtient donc la suite : 0 1 1 2 3 5 8 13 21 34 55 89 144 …. Il se trouve que cette suite est omniprésente dans la nature ainsi que le nombre d'or qui lui est associé. Le nombre de pétales d'une multitude de fleurs se trouve dans la suite de Fibonacci, la marguerite par exemple en compte en général 34, 55 ou 89. L'explication est la suivante : Pour que l'ensoleillement soit maximum, le 2ième pétale qui apparaît s'éloigne le plus possible du premier et puis, au fur et à mesure que les bourgeons apparaissent chacun essaie de s'éloigner au maximum du précédent. Ce processus produit un nombre final de pétales dans la fameuse suite. C'est pourquoi le trèfle porte-bonheur est si rare, le 4 ne s'y trouve pas.

ET ALORS ? Et bien si vous effeuillez une marguerite (ou toute autre fleur comportant beaucoup de pétales) en commençant par « Je t'aime »... vous avez une grande chance de tomber sur "passionnément" ou "à la folie". En revanche, commencer par "un peu" vous pénalise inexorablement d'un "pas du tout".
Et donc, ces Italiens astucieux mais un peu retors, constatant que le charme, la galanterie, l'élégance et pour tout dire l'indéniable beauté de l'Homme Français commençaient à porter une ombre maléfique sur leur soit-disant supériorité de séducteur et aussi à leur faire perdre des « parts de marché » dans la population féminine, ont tenté d'utiliser ce jeu à leur seul profit. Alors, tout séducteur Vénitiens, Romain, Milanais ou tout autre à la Botte de Cupidon, avant de l'effeuiller (la belle) lui demandait de l'effeuiller (la marguerite) en commençant par "je t'aime" pour lui prouver la sincérité et la profondeur de ses sentiments. Les bêtas qui, hors d'Italie commençaient l'effeuillage par « un peu » tombaient immanquablement sur « pas du tout » et s'en retournaient la queue basse. Mais le stratagème fut vite découvert et nos amis Italiens perdirent leur suprématie.
Alors, Mesdames, Mesdemoiselles (Messieurs mais c'est plus rare), si un monsieur vous présente une belle marguerite, demandez-lui plutôt un artichaut, la croissance de ses feuilles est soumise elle aussi à la contrainte de Fibonacci, mais au moins vous verrez si réellement, il a le cœur tendre.