Réponse à la question de l’hebdomadaire Politis : « C’est quoi être de gauche ? », ainsi qu’un entretien vidéo sur Oumma.tv à propos du « retour des années 30 »…
I – Repenser les traditions émancipatrices
Paru dans Politis, n°1325, du 30 octobre au 5 novembre 2014
La commande de Politis était stricte : 1500 signes maximum pour répondre à la question ! Les autres contributions du dossier ont été celles de Geneviève Azam (« En finir avec la croissance et le productivisme »), Alain Badiou (« Pour une stratégie historique »), Pierre Dardot (« Construire le postcapitalisme »), Annie Ernaux (« Ce que je veux pour moi, tout le monde y a droit »), Roland Gori (« Réinventer la démocratie »), Robert Guédiguian (« Être de gauche relève de la morale ») et Philippe Marlière (« La gauche est démocrate, c’est-à-dire subversive », repris sur Mediapart, 31 octobre 2014)
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Ni nostalgisme du « c’était mieux avant », ni « table rase » du passé, être de gauche aujourd’hui suppose de repenser les traditions émancipatrices en fonction des enjeux actuels :
* La critique sociale doit être fermement réarrimée à l’émancipation, car, dans la tentative de mainmise du néoconservatisme xénophobe (Zemmour, Soral, etc.), elle tourne autour de l’ego de ses énonciateurs et perd sa boussole éthique et politique.
* La visée émancipatrice implique, dans nos sociétés individualistes, d’associer autonomie individuelle et justice sociale, reconnaissance personnelle et solidarité collective, réalisation de soi et biens communs.
* Nos engagements locaux, nationaux et mondiaux ont à enrichir les connexions avec l’horizon de « l’Internationale sera le genre humain », et non les enrayer, tout particulièrement dans un contexte de montée des nationalismes xénophobes.
* L’ampleur des pollutions et le dérèglement climatique imposent la question écologiste comme un des axes d’une identité de gauche.
* Les inégalités de classe, les discriminations sexistes, racistes et homophobes fabriquent la question sociale de notre temps. Face à l’ethnicisation négative portée par le « postfascisme » du FN, intégrons le « sociétal » dans une question sociale élargie.
* L’idéal démocratique d’autogouvernement des collectivités humaines appelle une critique libertaire radicale des régimes représentatifs professionnalisés, et donc l’abandon de la figure de « l’homme providentiel ».
II - Retour des années 30 en France ?
Agrandissement : Illustration 2