C’est simple et évident comme un point sur un i - aussi directe qu’une œuvre de Jean-Pierre Raynaud ! Il fut un temps où le monde de l’art s’engageait au côté du peuple et des travailleurs; de Delacroix à Hugo, de Courbet à Picasso, en passant par la quasi totalité des avant-gardes, jusqu’au cinéma d’un Doillon rêvant de l’An 01 dans les braises de la révolte de mai.
Aujourd’hui le dispositif de l’art dit « contemporain » contraint les artistes à une forme de soumission apolitique pour mieux conformer leurs projets aux sujets hautement recommandés dans les circuits des expositions en vogue, avec leurs sélections dignes d’un Procès de Kafka, leurs juges et leurs commissariats au jargon boursouflé, et leurs sempiternelles thématiques liées à l’identité, aux problèmes climatiques, et la guerre en Ukraine, etc. - sans voir que ces questions restent inséparables des injustices sociales et des modes d’exploitation qui traversent plus violemment que jamais le monde capitaliste.
On peut toujours rêver d’un artiste qui exposerait chez Perrotin, Vallois ou même dans l’antre de ces nouveaux temples privés que sont les dites fondations Cartier, Pinault Vuitton & Cie, une œuvre témoignant d’une grève ouvrière dans la France de 2023, un combat syndical ( à l’instar d’un Godard détestant le populisme et œuvrant pourtant au plus près des travailleurs ) ou des luttes actuelles pour la défense des retraites.
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Cela susciterait, sans doute, bien plus d’inconvenance que les cris d'orfraie provoqués naguère par un Plug anal Place Vendôme, un coup de tête de Zidane fut-il érigé en stèle ou les subtilités d’une simple banane façon Cattelan si prodigue en gloses à Art Basel !
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On peut toujours espérer que les artistes retrouvent un lien vivant avec les colères et les luttes populaires en cours, et renoncent un temps à se conformer aux injonctions de productivité, en sacrifiant leur art sur l’autel du nouvel académisme contemporain aux normes entrepreneuriales.
Le 7 mars, bien au-delà de la réforme des retraites, il s’agit, sans doute, de faire passer avec jubilation, un peu d’effroi et une parcelle de doute dans la tête de ceux qui achètent si facilement nos vies et notre art en les mutilant de leur sève.