Cohabitation Macron- Bardella ou l'apothéose tragique du « en même temps »

La foudre ! Une vague brune emporte le couple Franco- allemand, mais alors que le chancelier Scholz ne prend aucune décision prématurée et imprudente sous le coup de l’événement, Macron de son côté fait l’apprenti sorcier en cédant immédiatement à la demande de dissolution de Bardella après l’annonce des premiers résultats ; surprenant tout le monde politique comme un éclair dans le ciel serein de ce dimanche du 9 juin. Un fait du prince aussitôt accepté par les uns avec des intonations de résignation vertueuse ou accueilli par les autres comme l’acte apportant le salut hors du chaos, mais globalement perçu comme un objet d’étonnement et d’incompréhension même pour une majorité de ceux qui lui restent dans ses rangs - y compris chez ceux-là mêmes qui l’avaient pourtant demandé. Bref, une fuite en avant aux allures de roulette de russe solitaire aussi délirante que dangereuse, avant de tirer sa révérence, mais qui risque de nous embarquer collectivement dans une tragédie politique aux relents de collaboration. La conséquence la plus probable de cette bombe à fragmentation électorale, conforme à l’esprit machiavélique du macronisme cherchant à prendre de court l’ensemble des partis politiques, n’est-elle pas désormais de voir le RN entrer à Matignon avant l’ouverture des Jeux olympiques, avec une cohabitation réalisant, pour le coup, l’apothéose finale du « en même temps » dans une version carrément XXL ? Comme le formule Paul Quinio dans son éditorial de  Libération : « C’est peut-être le pari macronien : faire la preuve, avant 2027 et la prochaine présidentielle, de l’impuissance du RN à résoudre les problèmes des Français. En espérant qu’après l’avoir essayé pendant deux ans à la tête du gouvernement, les électeurs renonceront à envoyer l’extrême droite à l’Elysée. Emmanuel Macron s’éviterait ainsi d’être le président qui aura ouvert à l’extrême droite les portes de la présidence. » Un coup de poker aux allures de sorcellerie quasi cannibale ; un 18 brumaire qui s’annonce pour notre liberté !