Face à un macronisme, plus que jamais à l’agonie, pris dans une fuite en avant opportuniste et somme toute suicidaire, qui n’a pas plus d’avenir que d’ancrage dans une histoire commune, le Front pop reste la seule force actuelle qui puisse revendiquer son passé sans « rougir » de ses racines historiques. La gauche ne s’enracine-elle pas dans les Lumières, la Grande Révolution de 1789, dans celles qui ont émaillé le XIXe, l’humanisme d’Hugo, la Commune, l’affaire Dreyfus ( toujours utile comme référence en ces temps…), le pacifisme de Jaurès, des acquis de 36, de ceux du CNR, de la Libération, de Mai 68 et mai 1981 ? A l’inverse, l’extrême-droite ( pourtant si prompte à faire de l’enracinement la marque de toute civilité ), est contrainte constamment dans une stratégie perpétuelle de « dé-diabolisation » de s’évertuer à recouvrir sous le masque d’un jeunisme de façade façon Bardella, le lourd passé de ses origines honteuses ancrées dans les pires heures de l’histoire politique française. Marine Le Pen et Jordan Bardella en sont réduits à piocher dans l’héritage protéiforme du gaullisme pour s’inventer un passé, alors que leur parti (et son logo petite flamme fasciste toujours là) a été fondé, en 1972, par d’anciens OAS qui avaient voulu la mort du général dix ans plus tôt.
Créé à l’initiative d’Ordre nouveau, groupuscule fasciste qui voulait utiliser Jean-Marie Le Pen, pour respectabiliser les vieilles obsessions ultra-nationalistes et racistes de l’extrême droite, le FN, devenu entretemps Rassemblement national, fut pourtant bien investit par un certain nombre de personnages dont la trajectoire est connue : anciens collaborationnistes notoires proches de Déat ou Doriot, anciens membres de la Waffen SS, ex-membres de l’OAS (Organisation Armée Secrète, qui organisa de nombreux attentats en Algérie et en France), néofascistes de toutes variétés, et autres négationnistes. Qu’importe les Relookings et les campagnes de Com, le RN reste la fine fleur maladive et tardive née de la décomposition de tous ces courants antirépublicains, collaborationnistes, colonialistes ; bref des 3 constellations les plus « nobles » de ce « fier » patrimoine » de l’extrême-droite : les nostalgiques du IIIe Reich et autres pétainistes ; les inconditionnels de l’Algérie française ; et pour couronner le tout, les néofascistes des années 60. De quoi fournir un pédigrée honorable à ceux-là mêmes qui sont des obsessionnels du flicage de l’identité !
Enfin, le macronisme à l’image de l’Amérique n’a pas de véritable passé. Il reste incapable depuis sept ans de se définir une autre identité politique que celle du dépassement idéologique, et semble l’enfant d’aucune lignée. En célébrant tout, au travers d’innombrables cérémonies mémorielles, Emmanuel Macron se veut simplement le continuateur d’une « histoire » de France, aussi abstraite que consensuelle, à l’instar de sa mémoire aussi nulle que sa capacité à engendrer la moindre utopie.

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