Je suis arrivé ce dimanche de clôture à la foire Art Basel, préférant d’abord savourer les événements satellites de la semaine, à l’instar de mes chers outsiders à Bastille ou ceux de AKAA - africains et afrodescendant.e.s de tous ces pays longtemps rejetés dans le hors champ du monde de l’art contemporain - et même ( par certains) de l’Histoire…Car Art Basel Paris a déjà ses coutumes, ses mœurs et ses apartheid ! Les VIP et les gens les plus chics, collectionneurs fortunés, ainsi que politiques ( Dati et Brigitte Macron ) viennent le mardi…ou au vernissage «first choice». Le reste des « sans passe-droit » arrive en masse le weekend.
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Et, puis il y a une autre césure plus subtile : celle entre le haut et le bas. C’est un peu comme dans la célèbre photo de Stieglitz « L’Entrepont » ; sauf qu’ici les rutilants, les galeries stars sont au rez-de-chaussée, et les plus modestes, ( dédaignés du « gratin » qui ne montent pas les voir… ), sont au premier étage. Comme le souligne Libé, la séparation entre les deux niveaux réside, également, dans les choix et le ton des œuvres présentées. Sans verser dans le manichéisme, en bas c’est plutôt « sois belle, et tais-toi », en haut, les œuvres se font moins aguicheuses. En bas, la peinture reste reine des cimaises, avec quelques rares photos.
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« En bas, on parle très peu politique et les formes se font plutôt douces, sans radicalité ardue, épineuse ou même minimaliste. » Bref, mon cœur penche plutôt pour de nombreuses expositions d’en haut ; notamment pour celle « piquante » de Berst ou la belle proposition de Poggi, en collaboration avec la Voloshyn Gallery, exilée à Miami depuis le début de la guerre qui est l’une des seules à faire exister l’Ukraine sur la foire. La galerie Poggi présente une monographie de Nikita Kadan, articulée autour d’un dessin monumental au fusain, Schekavytsia, du nom d’une colline de Kyiv, où, selon la rumeur, les habitants devraient se rassembler en cas d’attaque nucléaire russe. Ce qui pourrait bientôt nous arriver aussi, y compris pour tout ce petit monde du bas qui se croit trop souvent intouchable, intaxable et prétendument assigné à la seule « grâce » du ruissellement des fortunes.
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