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Billet de blog 27 novembre 2024

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La photographie humaniste à toute épreuve

L’art contemporain se meurt à force d'entre-soi et autres gentrifications. Espérons que l’exposition de Barbara Crane à Beaubourg prenne le contrepied de cette haine contemporaine du peuple !

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L’art contemporain se meurt à force d'entre-soi et autres gentrifications. Les grandes périodes de création ont toujours été associées à des rencontres impromptues entre des personnalités aristocratiques et des parias, des fortunés et des miséreux, que ce soient dans le New-York des années 70 à Berlin, du Paris de l’entre-deux-guerres à la Cinecittà du néoréalisme. Le sujet tabou pour l’art actuel, ce n’est pas le genre, les minorités etc. mais le peuple ! Pourquoi une photographe américaine est-elle restée cantonnée à une longue confidentialité, alors qu’elle est sans doute l’une des plus grandes photographes du peuple américain ?!

Illustration 1

Quand on évoque une photographie humaniste de Doisneau à Robert Franck, on ne peut que constater une déshumanisation de la photographie contemporaine. Sans doute que le mot même de peuple est devenu répugnant et populiste. Espérons que l’exposition de Barbara Crane à Beaubourg prenne le contrepied de cette haine contemporaine du peuple. Sa première monographie d’envergure en Europe qui réunit quelques 200 œuvres produites durant les 25 premières années de sa carrière, semble une ode à la vie chaotique de notre humanité.

Illustration 2

Avec sa volonté sans cesse renouvelée de capturer le foisonnement des expressions insignifiantes, belles et laides des foules américaines, Crane offre un hymne photographique à notre présence collective. Formée à l’Institute of Design de Chicago, s’abreuvant d’influences multiples, de Cage à Matisse, et le cinéma expérimental, sa pratique reste dominée par l’idée de séquence et de série, et un goût sauvage de l’expérimentation.

Illustration 3

De fait, elle n’a cessé d’explorer les possibilités de l’appareil photographique du haut de son mètre 50, utilisant les accidents de prise de vue pour trouver de nouvelles façons de traduire le monde : des abstractions de sa ville jusqu’à sa série Polaroïds, qui témoigne d’une frénésie sensuelle saisissant à bras-le-corps les visages, et les mains, au plus près des foules anonymes. « J’aime les gens qui s’embrassent, qui portent des enfants, tous ces petits gestes que chacun fait au quotidien. À mes yeux, tout est important, je suis comme une caméra vivante, rien ne m’échappe et j’essaie de restituer les sensations.»

Illustration 4

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