Beaucoup des maux qui affligent le pays viennent de pratiques et mauvaises décisions prises sous des présidences précédentes.
Le Résistant et Européen Jorge Semprun dans son livre "Une tombe au creux des nuages - essais sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui", a dénoncé les revirements, sinon la lâcheté, de politiciens français de premier plan, certains exerçant encore de hautes fonctions aujourd'hui.. On aurait donc tort de tout mettre sur le dos d'Emmanuel Macron...
Dans toute l'Union Européenne, le départ à la retraite à 65 ans (voire plus) est la règle. Le Danemark l'a indexé sur l'espérance de vie et le départ est envisagé à 69 ans, sans que cela déclenche des émeutes. En France, les syndicats et les partis extrémistes trompent les citoyens en mélangeant deux problématiques : la réforme des retraites (indispensable !) et celle des institutions de la Ve République, avec une Assemblée Nationale qui fonctionne au 49.3 quand des élus irresponsables poussent le gouvernement à l'utiliser.
Le but du 49.3, c'est de les forcer à prendre position. A courir le risque de ne pas être réélus en cas de dissolution du parlement.
C'est ainsi que la constitution gaulliste a mis fin aux errements du régime d'assemblée et à la paralysie de la IVe République par les partis. La IIIe République, elle, avait conduit la France aux divisions et à l'impuissance... Beaucoup de ses dirigeants ont été les premiers à prendre la clé des champs en 1940, et à exhorter le peuple à se lancer la route de l'exode pour fuir l'ogre nazi qui avançait avec ses bottes de sept lieues.
"Qui trop embrasse, mal étreint"
Pour ne plus revivre ces temps d'impuissance et de tragédie, les institutions de la Ve République ont donné à la France un exécutif fort... mais on a vu sous le règne de Sarko, le désastre que pouvait provoquer en politique étrangère un président multicasquette.
L'erreur du président Macron est de vouloir tout régenter. On le voit partout et sur tous les fronts. "Qui trop embrasse, mal étreint"...
Il ne préside pas dans l'esprit des institutions. Il confond les fonctions de président et de chef de gouvernement. En faisant cela, Macron focalise, et finit par braquer sur sa personne toutes les oppositions.
Le rôle d'un président sous la Ve est d'orienter et de guider l'action du gouvernement, pas de s'y substituer. En dérogeant au rôle que lui impose la constitution, il déconsidère le Premier ministre et son gouvernement aux yeux des parlementaires... Et de l'opinion publique. La nomination d'un nouveau Premier ministre ne constitue plus une solution en cas de crise... Le président de la République prend le risque de passer à un niveau supérieur : une crise de régime.
Mitterrand, lui, avait parfaitement assimilé l'esprit de la constitution et dirigé de main de maître le pays... en nommant Michel Rocard, qui a fait adopter 26 fois la loi au son du 49.3, puis en mettant ce dernier "en réserve de la République", pour reprendre l'expression employé par de Gaulle à l'égard de Pompidou . Le "Florentin" a aussi joué la cohabitation, il a assumé la présidence de la République sans majorité au Parlement ! Son Premier ministre, Jacques Chirac, qui n'était pas le dernier perdreau de l'année, a agi comme le véritable chef de gouvernement d'un régime parlementaire... On connaît la suite.
Le président Mitterrand s'est conduit en démocrate, avec un grand sens de la communication... Il a été réélu.
La Constitution de 1958 établit clairement un régime parlementaire. Le gouvernement dirigé par le premier ministre a la responsabilité de « déterminer et de conduire la politique du pays » ; il maîtrise l'ordre du jour et la procédure législative ; il est responsable devant l'Assemblée nationale et doit démissionner s'il n'obtient pas la confiance des députés... Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
On a bien compris que dans cette affaire la Première ministre était soumise entièrement à l'Élysée. Comme si un commandant de bateau n'était plus maître après Dieu mais ordonnait le petit doigt sur le pantalon que l'équipage exécute les manœuvres ordonnées à distance par l'armateur !
Une majorité "présidentielle" relative et l'absence d'alliés fiables, le comportement irresponsable d'une gauche "latinos", inconsciente, et voici le recours à la grosse Bertha... Bientôt le piège d'un référendum pour finir de discréditer le Parlement, le gouvernement... et le président ? Avanti... "populisme" !
Il appartient maintenant à la Première ministre de monter en première ligne pour dénouer la crise.
Les syndicats se discréditent en voulant dézinguer la loi... Elle ne sera pas retirée, mais probablement retoquée par le conseil constitutionnel que préside Laurent Fabius (PS), un ancien Premier ministre de François Mitterrand désigné pour y siéger par François Hollande. Il est hautement probable que le Conseil ne "mélenchonnera" pas le départ à la retraite à 64 ans avec un coup d'État pour renverser la Ve République. Du moins, on l'espère... car chez nous les républiques commencent et finissent TOUJOURS par un coup d'État !
Il revient au Conseil constitutionnel de se prononcer sur la légalité de la réforme adoptée par le parlement. Pas aux syndicats ! Qu'ils relisent la constitution de 1958 : Article 3 - Modifié par LOI constitutionnelle n°2008-724 du 23 juillet ... - art. 1 : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice".
Aveuglés par leurs ressentiments, voire leur haine pour le président Macron, les syndicats donnent aux extrémistes de tous poils et aux politiciens à la solde de Poutine, l'occasion de s'exprimer et de mettre le Bronx dans le pays. Les partis traditionnels se font des illusions s'ils pensent renverser la table ou, à tout le moins, augmenter leurs effectifs de militants grâce à la courroie de transmission syndicale, ou en se présentant comme des partis de l'ordre, capables de ramener le calme dans les rues. Ce sont les partis extrémistes, alliés de la Russie, un pays qui mène contre la France une guerre hybride, qui tireront les marrons du feu. Un référendum ne ferait qu'aggraver la situation.
Tous devraient savoir qu'on ne fait pas de politique en dehors des réalités... INSTITUTIONNELLES.
"Il faut savoir terminer une grève !"