Philippe Riès
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Billet de blog 21 mai 2014

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«Libération» : Ledoux l’a rêvé, «Time Out» le fait…à Lisbonne

«Bienvenue à la première revue dans le monde qui peut se lire, se manger et se boire». Et qui bientôt également pourra se danser, s’écouter, se voir. Actionnaire dominant de Libération et propriétaire du garage de la rue Béranger dont les étages supérieurs abritent la rédaction, Bruno Ledoux rêve d’en faire un café de «Flore du 21ème siècle». Time Out Lisboa l’a fait. En très grand.

Philippe Riès
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«Bienvenue à la première revue dans le monde qui peut se lire, se manger et se boire». Et qui bientôt également pourra se danser, s’écouter, se voir. Actionnaire dominant de Libération et propriétaire du garage de la rue Béranger dont les étages supérieurs abritent la rédaction, Bruno Ledoux rêve d’en faire un café de «Flore du 21ème siècle». Time Out Lisboa l’a fait. En très grand. La franchise portugaise de l’hebdomadaire de loisirs créé à Londres (et décliné depuis dans des dizaines de métropoles à travers la planète) vient d’inaugurer à la halle du Mercado da Ribeira, au bord du Tage, la première phase du premier projet éditorial au monde «en trois dimensions» (papier, web, espace public). De quoi faire s’étouffer avec leur hamburger (qui comme chacun sait n’a jamais produit une seule enquête) les journalistes du quotidien parisien.

Avec un projet très ambitieux, Time Out a gagné le concours organisé par la mairie de Lisbonne pour donner un avenir à l’ancien grand marché de la capitale, à la recherche d’une vocation depuis qu’il a perdu sa fonction de grossiste au début de ce siècle. Installé sur ce site depuis le 18ème  siècle, après le tremblement de terre et le tsunami qui avaient dévasté Lisbonne en 1755, le Mercado de Ribeira (marché de la rivière) dispose de deux vastes halles, ouvertes en 1930, dont l’une préservera la vocation historique de marché de produits frais. L’autre halle, dont la rénovation a été confiée au grand cabinet d’architecture Aires Mateus, accueille désormais au rez-de-chaussée, plusieurs dizaines de «kiosques», aux mains de vedettes de la nouvelle cuisine portugaise, et de boutiques d’alimentation. En attendant l’ouverture, au premier étage, d’un restaurant, d’un ensemble de boutiques, d’un bar-discothèque, d’une salle de spectacle et d’un espace d’exposition. Et, tout de même, l’installation de la rédaction de Time Out.

A un jet de pierre de la «rue Rose», nouveau haut lieu de la nuit lisboète, le Mercado da Ribeira Time Out se veut une vitrine du savoir-faire traditionnel portugais : de la vaisselle unique pour toute la restauration fabriquée par la manufacture tricentenaire Vista Alegre au célèbre papier toilette noir osé par Renova. En passant par les vins de Porto ou de Madère, les charcuteries de cochon noir, les incontournables «pasteis de nata» (tartelettes à la crème) et une industrie de la conserve en pleine renaissance commerciale. Sans oublier le mobilier en bois "100% portugais". 

Le projet prend place dans une vaste restructuration de la plus ancienne zone portuaire de la ville, longtemps abandonnée aux friches industrielles, aux immeubles pombalins en ruine et à la circulation automobile. Il bénéficiera de l’installation voisine du siège de la société EdP (lire ici) et de l’achèvement du réaménagement des rives du Tage, rendues aux piétons et aux cyclistes depuis la Place du Commerce jusqu’au delà des monuments de Belem. De quoi soutenir le boom touristique que connaît actuellement la «grosse laitue» (surnom de Lisbonne), classée ville la plus «cool» d’Europe. Et accélérer une «boboisation» des quartiers historiques qui fait grincer quelques dents.

Dans l’éditorial d’une édition spéciale de Time Out, le directeur Joao Cepeda affirme que les «professionnels de la communication» de Time Out Lisboa «vont continuer, stylo à la main et casque de chantier sur la tête, déterminés à démontrer à notre extraordinaire communauté de lecteurs que le futur des projets médiatiques n’est ni linéaire, ni évident». Feu Jean-Paul Sartre peut se retourner dans sa tombe. Et Bruno Ledoux continuer à rêver, en effet.

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