Et il y a un peu plus de 50 000 ans arriva en France une affreuse bestiole, à-peu-près glabre, qui également colonisé la planète, où elle est aujourd'hui la seule espèce humaine. Une bestiole qualifiée de "sage" (homo sapiens) par celle qui lui a succédé et qui s'est elle-même autoproclamée "deux fois sage" (homo sapiens sapiens).
S'y trouvait alors, installé depuis 200 000 ans, homo neanderthalensis. Et il a été grandremplacé. Le grand remplacement a déjà eu lieu, tandis que nous l'attendons toujours dans l'avenir. Il ne s'agit plus de prévenir, puisque le mal est déjà fait, il faut guérir. Et guérir du grand remplacement, c'est revenir à homo neanderthalensis.
Comment faire, vous demandez-vous.
C'est bien simple. Nous possédons en nous un reliquat - une relique - du patrimoine génétique d'homo neanderthalensis. Il suffit donc - et c'est notre devoir - par des accouplements sélectifs, basés sur la pointe de la recherche génétique, de faire prospérer ce patrimoine hérité des français;es originel.les, de génération en génération, et retrouver ainsi la pureté des origines.
Et nous devons dès aujourd'hui créer une fondation pour financer cette quête.
Originelle, vous direz-vous, mais pas tant que ça.
En effet, le premier Français et la première Française n'étaient pas homo neanderthalensis. Avant il y eu homo antecessor et homo heidelbergensis, qui ont peuplé notre territoire il y 500 000 ans au moins, à un millier de siècles près. Vous avez raison de vous le dire, et notre quête devra sans doute se poursuivre au-delà d'homo néanderthalensis.
Mais, ferez-vous valoir à nouveau, on connaît en France des traces humaines encore antérieures, d'il-y-a un million d'années ou plus.
Certes il y a des traces d'homo erectus, qui était peut-être de passage. Et là, à l'idée que le Français originel et la Française originelle puissent être des migrant.es de passage, nous sommes pris d'un vertige existentiel insondable. C'est pourquoi nous aborderons cette question lors d'un congrès ultérieur.
Sans doute ferez-vous également remarquer que ce processus de retour vers homo neanderthalensis risque de prendre un temps fou - à tout le moins déraisonnable.
Mais l'expansion du nucléaire alliée à des conditions défavorables à l'effectivité des mesures de sécurité, la croissance et la dispersion des déchets radioactifs, la prolifération de l'armement atomique dans un contexte international instable, créent, par l'augmentation probable de la radioactivité ambiante qui en résultera, des conditions favorables aux mutations génétiques, susceptibles d'accélérer la réalisation de notre projet.
C'est pourquoi notre Parti est un fervent partisan de la relance du programme nucléaire français.
Enfin, vous vous chagrinerez peut-être de la perspective d'un retour à un passé si lointain.
Mais il vous faut prendre en compte la fantastique évolution du monde moderne, qui vient habiter jusque dans nos corps. Tous les êtres vivants d'aujourd'hui et de l'avenir accueillent en leur sein une quantité plus ou moins grande de plastique. Ainsi l'homo neanderthalensis que nous recréerons demain ne sera pas seulement l'homo neanderthalensis du passé, mais sa version améliorée, actualisée, plastifiée, augmentée, sorte de produit magnifié de l'accouplement du néandertalien régénéré avec le Kong d'Olinski.