La décentralisation a ses subtilités. Ainsi, le conseil d'administration de l'Établissement public foncier régional, cet organismes au service des collectivités locales est composé d'élus et de représentants d'organismes régionaux (comme le Conseil économique, social et environnemental régional), mais le directeur général est nommé par le gouvernement.
Tandis que les associations interpellent les élus sur l'expulsion à venir d'un squat d'exilé à Calais (voir le billet précédent), et en appellent à leurs responsabilités politiques, le directeur général tente de calmer le jeu en répondant par le mail suivant :
«Bonjour
Compte tenu de l’aggravation des conditions de sécurité et d’hygiène sur la friche NOYON à Calais, l’Etablissement est conduit à faire procéder à l’évacuation du site dans la perspective de la réalisation dans l’immédiat de travaux de sécurité et la préparation de travaux de remise en état du site pour un nouvel usage.
Comme le prévoient les procédures, l’hébergement des occupants actuels sera assuré par les services de la Préfecture du Pas de Calais en liaison avec les services de la ville de Calais.
Sincères salutations.
Marc KASZYNSKI
Directeur général»
Message en rideau de fumée sous son apparente neutralité technique, auquel l'association La Marmite aux Idées répond, histoire de rétablir les faits, s'adressant à nouveau aux élus :
« Madame, Monsieur,
Vous avez peut-être vous-même reçu le message reproduit ci-dessous, qui a été adressé par le directeur de l'EPF aux personnes qui l'ont interpelé concernant l'expulsion prévue du squat d'exilés qui se sont installés dans les bâtiments actuellement propriété de l'EPF rue des Quatre Coins à Calais.
Ce message comprend certaines erreurs que nous tenons à rectifier :
un hébergement a été annoncé pour les seuls demandeurs d'asile, soit à-peu-près la moitié des habitants du lieu. Cette annonce n'a pas été confirmée, et le dispositif régional d'accueil des demandeurs d'asile est actuellement complet. Il faut savoir que selon l'antenne de Calais du HCR, il y aurait environ 120 demandeurs d'asile sans hébergement parmi ceux ayant déposé leur demande à Calais.
aucune solution d'hébergement n'a été seulement évoquée par les autorités concernant les habitants du lieu qui ne sont pas demandeurs d'asile – quel que soit leur âge, leur sexe ou leur état de santé.
le lieu n'a pas été notablement dégradé depuis le début du squat en juillet, surtout quand on sait qu'il a vocation à être détruit. L'absence de gestion des déchets pose un problème réel mais remédiable. Les maisons mitoyennes de l'usine étaient encore habitées il y a quelques mois, et ne sont a priori pas insalubres. Les parties habitées de l'ancienne usine n'ont pas de problème d'humidité, sont bien ventilées et pourraient être aménagées à minima par les associations avec l'autorisation de l'EPF.
nous comprenons que l'EPF a des échéances à respecter remettre les lieux à la mairie dans l'état où celle-ci le souhaite, mais aucun projet clair n'émerge pour le site, aucune de ces procédures longues du type enquête publique n'a commencé, il n'y a donc aucune urgence à expulser maintenant sans se donner le temps de rechercher des solutions de relogement pour toutes les personnes.
Aucune association ne défend que des exilés soient amenés à vivre dans des squats. Mais ces squats sont mieux que la rue. Mais, mieux que le squat ou la rue, nous espérons que des élus seront sensibles à la recherche de solutions dignes et pérennes.
Pour La Marmite aux Idées,
Philippe Wannesson. »