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Billet de blog 6 février 2018

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L'Union européenne est contre la solidarité

La Commission européenne se réjouit de la baisse du nombre de demandes d'asile dans l'UE. Elle y voit un succès de sa politique. Cela signifie que la part de l'UE dans l'accueil des réfugié-e-s au niveau mondial diminue, et c'est assumé avec tout le cynisme nécessaire.

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Dans la collection d'informations que la Commission européenne envoie aux médias ce 1er février se trouve une brève en anglais à l'occasion de la publication des statistiques de l'EASO (European Asylum Support Office) concernant les demandes d'asile dans l'union européenne en 2017.

http://europa.eu/rapid/press-release_MEX-18-581_en.htm

Le communiqué titre sur la baisse de 43 % des demandes d'asile par rapport à 2016, et cite le commissaire en charge de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, qui y voit un succès de la politique menée par l'Union européenne ("The collective efforts undertaken by the European Union over the past years to better manage migration and protect our borders are showing results.").

En pratique, l'Union européenne mène effectivement une politique volontariste visant à maintenir hors et de plus en plus loin de ses frontières les personnes susceptibles de demander l'asile sur son territoire. Cette politique est un succès, puisqu'on assiste à une baisse sensible du nombre de personnes qui sont parvenues à demander l'asile dans l'UE.

Les personnes en demande d'asile qui n'ont pas pu atteindre l'Union européenne sont donc ailleurs. Des ailleurs qui peuvent avoir des visages différents, de la Libye ou du Kenya, du Liban ou du Maroc, de la Turquie ou du Soudan, du Pakistan ou de l'Ouganda. La baisse de la part de l'Union européenne dans l'accueil des réfugié-e-s est un choix, assumé, c'est comme ça.

Mais le commissaire Avramopoulos nous rassure, "l'Union européenne continuera à être le continent de la solidarité, de l'ouverture et de la tolérence" ("The EU will continue to be the continent of solidarity, of openness and tolerance") - "mais nous devons le faire d'une manière mieux gérable, ensemble" ("but we need to do this in a more manageable way, together"). "Les chiffres d'aujourd'hui montrent que nous sommes sur le bon chemin" ("Today's figures show that we are on the right path").

Oui, c'est en payant les gardes-côtes libyens pour qu'ils interceptent en mer les personnes qui voudraient nous demander l'hospitalité et l'asile et les renvoient vers l'esclavage et la torture que nous continuerons "à être le continent de la solidarité, de l'ouverture et de la tolérance."

Il y a les actes, nous les connaissons, les politiques migratoires européennes et leurs effets sont abondamment documentés.  Il fallait les paroles, ces paroles-là, pour nous permettre de mesurer le cynisme des personnes qui mènent cette politique. Et là où en sont rendues les institutions européennes.

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