Sans majorité, ne pouvant plus former un gouvernement bénéficiant du soutien du parlement et pouvant faire adopter un budget, Macron semble essayer avant tout de ne pas être mis hors jeu.
La constitution prévoit qu’il nomme le premier ministre. Au-delà de propositions autres que des grandes masses, personne d’autre que le gouvernement ne peut faire travailler l’administration à un projet de budget à présenter devant le parlement. Si un compromis émerge, gouvernement et budget pourront aller devant l’Assemblée. Sinon il est possible d’adopter le budget par ordonnance, et pour Macron de montrer ainsi au patronat, qui semble le lâcher, qu’il est capable de faire adopter le budget de redoublement austéritaire qui était projeté. Il peut aussi dissoudre l’Assemblée à tout moment, mais peut avoir intérêt à le faire le plus tard possible, pour que le budget soit adopté avant la formation d’un nouveau gouvernement. L’adoption préalable du budget faciliterait l’union des droites, notamment en permettant au Rassemblement national de ne pas apparaître comme responsable des mesures austéritaires. Macron apparaîtrait ainsi comme l’accompagnateur de l’union des droites, et se trouverait face à un gouvernement correspondant à son orientation politique actuelle.
L’union des droites et du RN entraînerait probablement l’éclatement du camp présidentiel actuel, et fournirait au Parti socialiste la possibilité d’alliance à droite qu’il recherche – ce qui entraînerait une recomposition de la gauche.
D’une part rien ne dit que la situation évoluera à l’avantage de Macron. D’autre part, les hypothèses sur lesquelles je base ce billet sont bien sûr à discuter. Mais il me semble utile de ramener de la rationalité dans l’approche de la situation actuelle, là où l’explication par la « dinguerie » dissuade surtout d’essayer de comprendre.