On s'était arraché les cheveux devant l'incapacité de la gauche de s'unir à la présidentielle. Parfois on avait voté Mélenchon, parfois un.e autre, et parfois Mélenchon par conviction, parfois parce qu'il était devant les autres et qu'il était la seule chance pour la gauche d'être au second tour. Et on a eu, l'amertume à la bouche, droit au remake du face-à-face Macron - Le Pen.
Et puis la gauche s'est unie pour les législatives. Qui plus est avec un programme intéressant. On ne se cache pas les difficultés. Mais au moins les cheveux repoussent.
Et puis rebelote, on apprend un beau jour que la NUPES n'est plus, chaque boutique part à l'élection de son côté, et on s'invective copieusement.
Alors, scrutin proportionnel, les différents partis de la NUPES siégeant dans des groupes différents au Parlement européen, on pouvait comprendre qu'ils partent séparément. C'est-à-dire qu'ils discutent de la manière d'aborder cette élection, maintiennent la NUPES, conviennent d'un pacte de non-agression, expliquent leur choix aux électrices et électeurs, et présentent des listes séparées tout en ménageant l'avenir, si la décision n'est pas de faire liste commune.
Mais non, l'urgent est de se compter pour les uns et de rebattre les cartes en conséquence, et pour LFI de ne surtout pas se compter pour tenter de continuer à vivre sur le score de circonstance fait par Mélenchon à la présidentielle.
On s'arrache donc à nouveau les cheveux, devant cette passion boutiquière poussée à l'idolâtrie.
L'extrême-droite fait un carton.
C'est alors que Macron dissout l'Assemblée nationale.
Et les partis de gauche se réunissent. Même la gauche la plus bête du monde sait l'arithmétique, dans un scrutin majoritaire à deux tours il faut s'unir au premier pour participer au deuxième. Mais le fait que l'extrême-droite se trouve soudain aux portes du pouvoir peut bousculer les certitudes boutiquières les mieux ancrées.
Et surtout, surtout, il y a plein d'organisations, syndicats, associations, médias, groupements divers, et un tas de gens comme vous et moi, qui disent que l'extrême-droite au gouvernement c'est non ! et que la gauche ne doit pas perdre - peut-être même gagner, soyons fous. Et qui sont prêt.es à y contribuer, à s'engager.
Et ça ça change la donne, profondément.
Sachant que l'affaire Dreyfus s'est jouée sur des années, et que le Front populaire s'est construit en deux ans. Quel que soit le résultat de ces législatives, il faut se donner un souffle de plus longue durée.
Sachant que ce n'est pas gagné. Les gens qui espère en le Rassemblement national, le voir à deux doigts du pouvoir, ça les dynamise. Et il ne faut pas sous-estimer ça. Et d'autre part il n'y aura pas forcément à la sortie des élections une majorité capable de former un gouvernement, et je pense qu'il l'anticiper. Surtout que juste après le second tour, notre capacité de mobilisation va partir en vacances.
Reste que, quel que soit l'avenir, nous avons déjà gagné d'être plus mobilisé.es, plus uni.es et plus fort.es.