2009. La Grèce est le pays d'entrée dans l'Union européenne pour les personnes venant de Turquie, certaines venant d'Asie (Afghanistan, Irak, Iran, Pakistan...), d'autres d'Afrique (Maroc, Algérie, Afrique subsaharienne : les ressortissant-e-s de nombreux pays peuvent à cette époque-là venir en Turquie sans visa). La Grèce n'offre aucun accueil à ces personnes, le système d'asile est intentionnellement non fonctionnel, les centres de rétention sont les pires d'Europe, unanimement dénoncés par les institutions et les associations de défense des droits humains (surpopulation, manque d'hygiène, manque d'accès aux droits, absence d'information sur les procédures ou la durée d'enfermement, violence des gardiens...)
Les exilé-e-s entrent en Grèce par la frontière terrestre, la région de l'Evros, plus précisément cette bande d'une dizaine de kilomètres où la frontière n'est pas marquée par le fleuve, ou par les îles à proximité des côtes turques. On en ressort en se cachant dans les camions qui embarquent sur les ferries vers l'Italie, principalement dans le port de Patras, ou quand on a de l'argent, avec des faux papiers, par avion, par autocar.
Pendant la période de fort dynamisme économique de la fin des années 90 et du début des années 2000, la Grèce s'accommode assez bien du passage des exilé-e-s, qui travaillent au noir, dans l'agriculture ou le bâtiment, pour se faire un peu d'argent et continuer la route. Comme en Italie à la même époque. En 2009, les choses ont changé, la crise économique est là, et l'Union européenne fait pression sur la Grèce pour qu'elle ferme ses frontières aux personnes qu'elle ne souhaite pas accueillir sur son sol. En juillet 2009, le bidonville de Patras, alors principalement habité par des Afghan-e-s, et qui existe depuis une dizaine d'années, est détruit par la police. Cet événement est à rapprocher de ce qui se passe à Calais des rafles de l'automne 2008 avec tentative d'organiser des charters franco-britanniques d'expulsion vers l'Afghanistan, à la destruction hyper-médiatisée de l'ensemble des squats et campements à l'automne 2009, avec organisation effective de charters franco-britanniques vers l'Afghanistan.
Sur l'île de Lesbos, à proximité des côtes turques, le centre de rétention de Pagani, une ancienne prison pour prisonniers politiques sous le régime des Colonels, est le pire de toute la Grèce. De nombreux-ses mineur-se-s y sont notamment enfermé-e-s. Comme le centre est surpeuplé, une partie des exilé-e-s qui débarquent sont à la rues et cherchent à quitter l'île, notamment par les ferries.
En août 2009, un camp du mouvement No Border a lieu à Lesbos. Des liens se tissent, et une lutte conjointe des exilé-e-s et des militant-e-s, à l'intérieur et à l'extérieur du centre de Pagani, aboutit à la fermeture de celui-ci en octobre 2009.
L'idée de Welcome 2 Europe est née des discussions qui se sont nouées alors, des contacts et des amitiés aussi. Elles s'est concrétisée après que les militant-e-s européen-ne-s soient rentré-e-s dans leurs pays respectifs, et que les exilé-e-s aient continué leur route jusqu'au pays où elles et ils se sont posé-e-s.
On peut accéder au site en quatre langues ici :
et à sa version en français :
Une brochure retrace les dix ans du réseau Welcome 2 Europe,
on peut la télécharger ici.
Et voici le communiqué publié par Welcome 2 Europe à l'occasion de la nouvelle version de son site :
" Welcome to Europe est fier de vous présenter le nouveau style de www.w2eu.info
Lancement du nouveau guide web multilingue - depuis 10 ans, un soutien quotidien à la liberté de circulation
Chaque jour, en moyenne, jusqu'à 1000 personnes cliquent sur les pages d'information de www.w2eu.info. Dans plusieurs communautés de réfugiés et de migrants, le guide en ligne est connu comme une source fiable de contacts et de premières informations.
Ce projet transnational est né dans les luttes contre le régime des frontières et, depuis 10 ans, il s'est développé en une véritable infrastructure pour la liberté de circulation et l'égalité des droits. Nous sommes heureux de présenter notre guide maintenant avec de nombreuses mises à jour concernant de nombreuses villes et pays et dans un tout nouveau design.
Depuis son développement en 2010, le guide web fournit au minimum des contacts dans presque tous les pays européens d'arrivée et de transit et aussi dans divers pays de transit autour de la Méditerranée. De nombreuses sections par pays sont alimentées par divers chapitres sur les droits et situations concrètes dans chaque lieu. L'information est donnée en quatre langues : l'arabe, l'anglais, le farsi et le français. Depuis lors, le guide web s'est développé comme un outil très utilisé par les communautés de migrants/réfugiés tout au long des différents itinéraires et dans les différents lieux de leur exil : avant le départ, si les personnes sont bloquées en transit et à l'arrivée, par ceux qui sont confrontés à des problèmes et à des menaces d'expulsion. L'information contre la peur et pour le droit au séjour pour tous est la tentative de faire du conseil d'une manière autonomisante combinée avec l'information que le guide web publie. w2eu.info est aussi devenu un outil de mise en réseau et il est beaucoup utilisé non seulement par les personnes en déplacement mais aussi par les activistes pour entrer en contact et trouver de l'aide au cas où elle serait nécessaire.
Le réseau Welcome to Europe est constitué de contacts et d'amitiés étroits. Il est resté un réseau militant et de base depuis dix ans. D'après notre expérience, l'ouverture des frontières est la seule option pour mettre fin aux souffrances dont nous avons trop souvent été témoins à toutes les frontières. Personne n'est illégal.
Nous travaillons tous sur une base bénévole - mais personne ne se qualifierait de " bénévole ". Nous sommes des militants, nous nous battons pour la liberté et pour l'égalité des droits pour tous.
En juillet 2019, Welcome to Europe a été à l’initiative du Camp d'été transfrontalier. Avec d'autres réseaux, nous avons réussi à organiser quatre jours d'échanges pratiques et de renforcement mutuel. Plus de 500 militants de toute l'Europe et de nombreux pays d'Afrique - avec ou sans expérience personnelle en tant que réfugiés ou migrants - ont rejoint et contribué à ce grand espace. C'est exactement cette atmosphère de solidarité, de respect et de luttes concrètes et persistantes que Welcome to Europe tentera d'encourager et de promouvoir également à l'avenir. Dans cette perspective, le nouveau guide web est une autre promesse de continuité.
Le guide web avec un nouveau visage : https://w2eu.info/
La brochure des 10 ans de Welcome to Europe :
http://infomobile.w2eu.net/files/2019/07/w2eu-10years-booklet-EN-201906-screen.pdf "