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Billet de blog 26 septembre 2017

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Calais, de Hambourg à Bilbao

La construction de "murs" autour du port et de l'accès au Tunnel sous la Manche en 2000 et 2001 avait entraîné une dispersion des lieux de passage des exilé-e-s vers le Royaume-Uni de la Bretagne aux Pays-Bas. Depuis quelques années, le passage se fait de Hambourg à Bilbao.

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Calais, port et Tunnel sous la Manche, concentre plus de 90% du trafic de camions entre le continent européen et le Royaume-Uni. C'est aussi le point le plus proche entre le continent et la Grande-Bretagne, là où les traversées sont les plus courtes. Ceci explique son rôle central pour le passage de la frontière britannique par les exilé-e-s en se cachant dans ou sous les camions. En 2000, le port de Calais est entouré de grilles complétées de systèmes de détection, tandis que les contrôles des camions avant l'embarquement sont multipliés, pour faire obstacle aux tentatives de passage des exilé-e-s vers le Royaume-Uni. Le périmètre du Tunnel sous la Manche et la gare TGV de Calais suivent en 2001. Ceci a entraîné une dispersion des lieux de passage le long du littoral de Roscoff aux ports belges (Ostende, Zeebruges) et néerlandais, comme Vlaardingen, là où existent des liaisons ferry embarquant des camions. Les ports de Dieppe (2001), de Cherbourg et de Roscoff (2002) sont entourés de grille, suivis par les autres ports. Mais aussi près des aires d'autoroute où s'arrêtent les camions, en amont du littoral. La fermeture du Centre de Sangatte fin 2002 a accentué ce phénomène.

Le 26 septembre 2002 une réunion des ministres de l'intérieur belge, britannique et français s'est tenue à Zeebruges pour décider du renforcement des contrôles et de l'intervention de policiers britanniques dans les ports du continent, effective à Calais dès 2002, en amont de la signature en 2003 du traité franco-britannique du Touquet, qui formalise les contrôles britanniques dans les ports français, et français dans les ports britanniques.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l'étude d'Olivier Clochard ("Le jeu des frontières dans l’accès au statut de réfugié : une géographie des politiques européennes d’asile et d’immigration", thèse de géographie, chapitre 6 : "La situation singulière de la région de Calais", 2007) :

https://passeursdhospitalites.files.wordpress.com/2014/01/chapitre_6.pdf

ainsi que le rapport de la Coordination Française pour le Droit d'Asile "La Loi des jungles" (2008) :

http://cfda.rezo.net/la%20loi%20des%20jungles.htm

L'augmentation du nombre d'exilé-e-s en route vers le Royaume-uni, sensible à Calais dès l'automne 2013, le devient sur l'ensemble de la frontière en 2014, avec le réinvestissement de ports secondaires délaissés et des tentatives de passage plus en amont sur les autoroutes (Picardie, Île-de-France, Belgique).

Le port de Bilbao, en Espagne, devient une possibilité de plus en plus utilisée par les exilé-e-s qui en ont les moyens financiers. Les tarifs pratiqués par les passeurs sont en effet sensiblement plus élevés. La traversée est également beaucoup plus longue, avec la nécessité de se cacher, d'une durée de 23h30.

Conséquence possible de la multiplication des arrestations en France, Bilbao est devenu une voie empruntée de manière importante par les exilé-e-s albanais-es, comme en témoigne cet article du Courrier des Balkans (accessible sur abonnement) :

https://www.courrierdesbalkans.fr/Mafia-albanaise-le-port-deBilbao-nouvelle-etape-du-trafic-d-etres-humains

La situation dans les ports allemands est plus complexe. Un partie des exilé-e-s arrivé-e-s en Allemagne en 2015 ont continué leur route vers le Royaume-Uni, soit parce qu'il s'agissait de leur projet initial, soit parce qu'ils ou elles ont été débouté-e-s de leur demande d'asile dans ce pays, soit parce qu'ils ou elles ont été confronté-e-s à une procédure trop longue et trop complexe. On a ainsi pu rencontrer à Calais en 2016 et surtout 2017 une proportion inhabituelle d'exilé-e-s ayant séjourné auparavant en Allemagne.

Les médias allemands font état en 2016 de tentatives de passage à partir de Cuxhaven, à l'embouchure de l'Elbe et du canal de Kehl, en aval de Hambourg, qualifiant le port de "petit Calais", et de Bremerhaven, avant-port de Brême sur la Weser, d'où partent des ferries pour le Royaume-Uni, comme en témoigne entre autres cet article :

http://www.spiegel.de/politik/ausland/fluechtlinge-bundespolizei-schliess-cuxhaven-route-a-1093251.html

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