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Billet de blog 28 juin 2024

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Macron et Bardella : les deux qui pourraient faire la paire

Si une élection peut être ramenée à une opération de marketing, Macron a déjà changé de public cible, du centre à la droite, et pourrait le faire à nouveau, si l’extrême-droite est le meilleur véhicule pour son projet ultra-libéral.

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Si l'on excepte quelques promesses sociales afin d'attirer un électorat populaire, les orientations de Macron et du Rassemblement national reposent sur un même triptyque, libéralisme économique, État répressif et autoritaire, diversion identitaire. Pour Macron, une cohabitation avec un gouvernement RN minoritaire (sans majorité absolue) pourrait être une bonne affaire.

La pression de l'Union européenne en raison du déficit du budget de l'État et de l'endettement public, le besoin de l'abstention ou du soutien du groupe macroniste à l'Assemblée nationale, la menace d'une nouvelle dissolution, possible à partir d'un an après celle du 9 juin, le poids du président dans les institutions de la Ve République, contraindraient le RN à la négociation et à l'abandon des mesures sociales de son programme.

Le RN a annoncé qu'il ne formerait un gouvernement que s'il dispose d'une majorité absolue, mais il faudra voir après le vote. Il peut y avoir des discussions avec des droites. Et le fait d'être si près du pouvoir sans le prendre peut démobiliser son électorat.

Mais si le RN obtenait la majorité absolue, le président de la République garderait une capacité d'influence importante, suffisante pour que le cap ultra-libéral de ses politiques soit maintenu. Il pourrait en même temps se mettre en scène comme rempart contre les excès du RN, alors que celui-ci devrait assumer l'impopularité des politiques d'austérité qu'il devrait mener pour résorber le déficit public et baisser l'endettement sans augmenter les impôts. Macron aurait ainsi changé d'électorat, de parti, mais pas de projet.

Quel pourrait être l'intérêt du RN à entrer dans ce jeu ?

Si le RN veut démontrer sa capacité à gouverner, il a intérêt à durer jusqu'à l'élection présidentielle, en surjouant son opposition à Macron tout évitant d'aller jusqu'à la crise et à la dissolution, en surjouant le conflit avec l'Union européenne tout en passant des compromis. Et en reportant les attentes de son électorat vers la présidentielle, présentée comme le moyen d'avoir les mains libres pour mener sa "vraie" politique.

On pourrait donc avoir derrière une conflictualité affichée, une entente de fait entre Macron et le RN autour de la continuation des politiques ultra-libérales, étayées par des politiques autoritaires, répressives et xénophobes - les oppositions se jouant au niveau du degrés de celles-ci, et du positionnement sur d'autres questions sociétales.

Cela dit, les élections ne sont pas faites, et rien ne dit que le RN sera en état de former un gouvernement, même minoritaire.

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