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Billet de blog 30 avril 2024

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Génocide partout, Palestine nulle part

L’Assemblée nationale vient d’adopter une nouvelle résolution portant sur la reconnaissance d’un génocide. On pourrait se réjouir de l’attention portée par la représentation nationale aux crimes contre l’humanité, si cette attention n’était sélective et ne traduisait pas une vision orientée du monde – excluant par exemple la reconnaissance du génocide en cours à Gaza.

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On pourrait se réjouir que le parlement mène une réflexion sur les génocides, en incluant ceux dans lesquels la France peut avoir une responsabilité, sur les mesures de prévention lorsqu’il y a risque de génocide, et d’intervention lorsqu’un génocide est commis.

S’agit-il de cela ?

Lorsque Emmanuel Macron prévoit un discours pour les trente ans du génocide des Tutsis au Rwanda, il y a un flottement quant à la manière dont il énoncera le rôle de la France par rapport à ce qui a été commis. Finalement, il décide de ne rien changer à sa position antérieure, et il choisit de tracer une frontière entre eux, les génocidaires, qui ont agit, et nous, dont le rapport au génocide est de l’ordre de l’erreur, de l’aveuglement, de l’abstention. L’État français ne peut être que blanchi de toute participation active.

De même quand l’Assemblée nationale qualifie de génocide les crimes commis par l’Empire ottoman contre la population assyro-chaldéenne, ou par la République populaire de Chine contre la population Ouïgoure, mais pas par l’État d’Israël contre la population palestinienne de Gaza, ou ne se penche pas sur les crimes commis par la France coloniale, elle institue une frontière. Entre eux, les mondes barbares, cruels, génocidaires, turcs ou chinois – russe à l’occasion, et on peut penser à la manière dont ressurgit depuis février 2022 une vision essentialisée et orientalisante de la Russie, Poutine étant décrit comme un satrape soumis à ses passions rêvant de leur soumettre le monde. Et nous, qui en jugeons du haut de notre vertu, étrangers que nous sommes à cette barbarie.

Et cette frontière réactualise la représentation racisante du monde qui étayait la colonisation, présentée comme la domination légitime du monde civilisé sir le monde sauvage. La réaffirmation de cette frontière survient à un moment où la prédominance géopolitique de l’Occident sur le monde s’érode, remettant en cause son rapport prédateur au reste de la planète.

La situation en Palestine se trouve à un nœud de ces représentations.

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