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Ce mardi 10 juin, à Nogent (Haute-Marne) une surveillante du collège Françoise Dolto est décédée, poignardée par un élève de 14 ans. Toutes mes pensées vont à sa famille, ses proches et ses collègues. Mes, nos collègues…
Ce drame s’est produit alors que des gendarmes effectuaient une fouille des sacs à l’entrée de l’établissement, à la recherche d’armes.
Les couteaux étaient déjà au centre d’autres évènements dramatiques et notamment récemment dans l'Essonne ou à Nantes dans un établissement privé. Une mission sur cette question avait été lancée à l’Assemblée Nationale sur ce sujet.
Dans notre société de l’information avide d’immédiateté, les commentaires abondent déjà sur la recrudescence de la violence. Et tout aussi immédiatement, on réclame des mesures rapides avec l’illusion que cela aura des effets tout aussi immédiats.
On prend à peine le temps du recueillement ni celui d’analyser les circonstances propres à cet évènement. Et on se focalise sur la présence de ces couteaux dont il faudrait enrayer la circulation. Bien sûr, c’est important. Il faut limiter l’accès aux armes quelles qu’elles soient. On voit bien qu’aux États-Unis, où les armes à feu sont d’un accès facile, les actes commis avec sont très importants.
Mais, il faut rappeler que les armes et ici les couteaux, ne sont que des outils. Ce qu’il nous faut comprendre c’est ce qui déclenche ces passages à l’acte aussi rapides et paroxystiques.
Qualifier les auteurs de ces crimes de « barbares » n’a pas de sens sinon celui de complaire à une partie de la société et s’empêcher d’analyser (comprendre n’est pas excuser, faut-il encore le rappeler) ce qui se joue aujourd’hui dans notre époque malade de la violence. Ce n’est pas non plus en "sanctuarisant" les écoles qu’on parviendra à résoudre un problème multidimensionnel.
Dès qu’on se pose un certain nombre de questions, on se rend compte que les réponses simplistes ne fonctionnent pas.
- Pourquoi les jeunes éprouvent-ils le « besoin » d’avoir un couteau dans leur sac ? Les établissements scolaires et leurs abords sont-ils des lieux où il faut se protéger avec ce type d’armes ?
- Pourquoi le harcèlement est-il devenu si vif ?
- Pourquoi le passage à l’acte violent se fait-il de façon si rapide, dès la moindre frustration ?
- Pourquoi nos enfants vont-ils si mal ? Et nous-mêmes allons-nous bien ?
Et si, en plus des caméras de surveillance, on travaillait sur le climat scolaire dans nos établissements ? avec plus d’adultes et plus de formation ?
Et si on se disait que les compétences psycho-sociales et notamment l’empathie ou la gestion des émotions et des frustrations, étaient aussi importantes que les fameux "fondamentaux".
Et si, au lieu de portiques inopérants, on donnait des moyens humains pour prévenir et traiter les problèmes de santé mentale ?
Bien sûr, des médecins et des infirmières scolaires et du personnel éducatif en plus, de la formation, c’est moins spectaculaire que des portiques de détection qu’on peut inaugurer ou des contrôles policiers devant lesquels on peut convoquer la presse.
Bien loin de la gesticulation politique et de l’immédiateté, c’est pourtant ce qui pourrait, dans la durée, permettre de faire œuvre d’éducation et tenter d’éviter la multiplication de ces drames.
Ph. Watrelot le 10 juin 2025