
Je passe sur l’homophobie légale d’un humour qui n'est qu'un mépris (l'autre bouffon chauve sur Europe 1, radio publique, n'est-ce pas), passe également sur l’inconscience d’une IGPN prête à laisser le pays s’embraser plutôt que de sanctionner comme il se doit un représentant du fascisme dans la police, passe encore sur le positionnement de Marine Le Pen qui, s’il n’était pas le prémisse d’une aube noire prochaine, serait hilarant, et je passe enfin sur le trop peu d’émoi que la situation de Théo a soulevé dans les média, que l’on ne connaît d’ailleurs que de son prénom tant l’indignité dont il a été victime appelle immédiatement toute compassion, toute intimité dans la souffrance. Les journalistes sont définitivement une catégorie huileuse d’imbéciles finis dont le fétichisme pour leurs propres carrières d’esclaves complaisants les réduit à n’être plus que les ombres malignes de grandes idées, de grands rouages de la République ; et ne valent à mes yeux guère plus qu’un Cyril Hanouna dont ils sont le pendant nécessaire.
Ici, maintenant, je ne veux parler que du positionnement politique des deux grands partis sur ce qu’il est tenu d’appeler « l’affaire Théo ». J’ai lu ici et là que l’on s’indignait des commentaires des responsables politiques étiquetés Parti Socialiste (PS) et que l’on admirait l’intervention médiatique, au travers d’une lettre, du maire Les Républicains (LR) de la ville d’Aulnay-sous-Bois où l’incident eut lieu, lui-même ancien policier, qui dénonce l’acte et témoigne de son indignation, voire de sa meurtrissure. En l’espèce, en effet, nous pouvons nous étonner de ce qu’un parti de gauche, putativement socialiste, soutienne sans condition une police aux méthodes fascistes (aucun autre mot n’est tolérable), raciste, qui viole dans la complaisance des institutions (tout juriste rigoureux parlera ici d’un « viol en réunion » mais les faits diminués deviennent un « viol » pour l’un et des « violences volontaires » pour les trois spectateurs qui prétendent tout à coup « ne pas savoir ce qui s’est passé ») et s’en sortira impunément, alors que le parti de droite, traditionellement pro-sécuritaire et indéfectible soutien des forces de l'ordre, la condamne moralement.
Mais, car il y a une conjonction de coordination rhétorique, et elle impose une opposition, mais, mais, mais, le Président de la République lui-même s’est déplacé au chevet de Théo. Un membre éminent, donc, dudit Parti Socialiste (PS), qui se désolidarise des circonvolutions de l’IGPN (dite « police des polices »), des policiers eux-mêmes et de toutes les instances politiques PS qui accusent le maire LR de « allumer un foyer » en « jouant au pyromane ». Là encore, les pyromanes ne sont pas les services de police qui descendent faire des raids armés et tirent à balles réelles sur les manifestants (révoltés, excédés, destructeurs, mais je confesse que je serais dans le même état de violence qu'eux devant l'indignité de l'État, de la Justice) dans une cité dont ils ont préalablement fait éteindre les éclairages publics. Dans un roman, cette histoire passerait pour grotesque. Mais la fiction, apprenez-le et gravez-le bien cher lecteur, chère lectrice, la fiction ne fera jamais mieux que le réel.
Il ne faut pas penser en termes de « PS » et « LR », il faut se déprendre de cette conception manichéenne de l’ordre politique. Il faut penser en terme de « pouvoir en place » et de « opposant politique ». Qu’il soit sincère ou non, ce que j’espère et lui souhaite, le maire d’Aulnay-sous-Bois est surtout en campagne (ils le sont perpétuellement, ou presque). Quant aux membres du PS qui soutiennent la police, ils nous révèlent autre chose : une économie du pouvoir.
Pourquoi le Président de la République se désolidarise ? Parce qu’il s’en fiche des répercussions politiques : il ne brigue plus aucun mandat donc il est libre. C’est tragique, mais réel. Quant à tous ceux qui soutiennent la police, ils sont les individus lucides d’une caste qui ne pourra plus jouir éternellement de tels privilèges sans faire grogner le peuple, ou nourrir sa grogne. On le voit avec le candidat LR à la présidentielle de 2017, avec son pendant ultra-libéral-de-gauche qui déploie un arsenal marketing susceptible de rendre jaloux les publicitaires des multinationales de tous les horizons (ah, mais non, suis-je bête, ce sont elles qui s’occupent de son service marketing et jusqu’à la rédaction de tous ses contenus, dont un programme qu’en février pour mai nul ne connaît), avec la candidate de l’extrême-droite : c’est une caste. L’argent public est pour eux une manne d’enrichissement personnel. Ils vont avoir besoin de la police — et depuis dix ans, ils l’arment, créent des lois permissives, l’entraînent à tirer sur la foule (pour le moment, avec des balles de caoutchouc qui se « contentent » de crever des yeux) et la couvre légalement en toute circonstance.
Nous sommes en état de guerre, de guerre des classes. Notre système politique est en situation de corruption achevée. L’Europe telle qu’elle s’est faite, c’est-à-dire sans les peuples et sur le modèle ultra-libéral de l’entreprise, a failli. Théo, c’est une victime, la victime d’imbéciles racistes qui ont des pratiques fascistes qu’un État ne peut faire autrement que tolérer tant il a et va avoir besoin des « services de l’ordre ». Chers amis, entendez-vous l’insurrection qui vient ? Elle sera d’un ordre nouveau mais elle sera violente.