Abstention : 1) symptôme le plus aigu de la crise politique actuelle qui croît dans toutes les élections depuis le début des années 1980, sauf aux élections présidentielles. Elle se développe tout particulièrement parmi les classes populaires. Les législatives y sont particulièrement sujettes, l’électorat se désinvestissant ainsi d’élections pourtant fondamentales mais écrasées par la proximité des présidentielles. L’abstention exprime soit une forme de dépolitisation et de marginalisation sociale et politique, soit un découragement ou un dégoût de la politique. Les responsables politiques la déplorent, prétendent vouloir l’affronter, mais s’en accommodent en réalité, puisqu’elle n’a aucun effet immédiat sur la distribution du pouvoir. N’étant subtils qu’à demi, ils ne cessent ensuite de s’étonner de leur impopularité.
2) sujet massivement évoqué pour meubler le vide audiovisuel dans les heures qui précèdent l’élection, plus discrètement abordé dans les jours qui suivent avant de disparaître à peu près totalement du discours public.
Abstentionniste : acteur majeur de la vie politique française. La raison de son existence exotique est source d’étonnement. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’on disserte sur son comportement électoral un peu à la manière dont au XIXe siècle un folkloriste étudiait les bigoudènes ou un anthropologue se penchait sur les mœurs des pygmées. Il agirait ainsi par désintérêt, par mécontentement ou par colère, autant de sentiments auxquels on s’abstient prudemment de rechercher des causes évitant ainsi de prêter à l’abstentionniste de réelles motivations politiques.
Vote blanc : un bulletin moins épais que les autres, mais qui allège la conscience politique insatisfaite de certains votants face à un choix impossible.
Vote nul : comptabilisé comme une erreur ou une maladresse alors qu’il s’agit généralement d’un vote blanc accompagné d’un message rudimentaire mais efficace l’expliquant.