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Billet de blog 7 décembre 2023

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Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

Notre système médiatique, en refusant l'espace nécessaire à l'expression sereine de pensées alternatives à celle du pouvoir, participe puissamment au succès grandissant des sites complotistes et à l'imprégnation des idées nationalistes et xénophobes dans les esprits les moins préparés à faire obstacles aux manipulateurs de toutes obédiences qui opèrent dans les réseaux sociaux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De notre balcon, nous assistons impuissants au naufrage du pluralisme intellectuel, à l'atonie de notre référencitiel de pensée...

Sur l'essentiel de l'espace médiatique, nous est servi quotidiennement un prêt-à-penser, fleurant son terroir, son bon père de famille, son bon sens paysan, desservi par une cohorte de "bien pensants" colporteurs d'une information savamment mâchée, triée, rhabillée, colorisée et mise en scène afin de plaire aux autorités qui les financent et propres à séduire, rassurer, anesthésier, fidéliser, la masse de leurs auditoires.

Force est de constater que, ces dernières années, les espaces permettant aux pensées alternatives d'exposer et de développer leurs arguments sont de plus en plus restreints, dans le même temps, les émissions ouvertes aux « chiens de gardes » de la pseudo  démocratie se multiplient aux heures de grande écoute, afin de les laisser dénigrer, diaboliser, ostraciser, ridiculiser, ces idées non conformes à leurs yeux, et leur permettre de pousser à la faute les porte paroles de ces empêcheurs de penser en rond, par des stratagèmes confinant trop souvent à l'abjection.

L'abdication de la critique du contenu, du signifiant, au profit de la prédominance de l'obsession pour le dénigrement du contenant, de l'anecdotique, rend les pseudo débats, aussi violents et conflictuels que superficiels et vides de sens. En étouffant les voix portant l'analyse critique de notre système actuel et l'exposé de solutions alternatives permettant de remédier aux crises écologiques et sociales actuelles, c'est, l'émergence d'une pensée dialectique qui est condamnée, dans les esprits du plus grands nombre.

L'objectif, jamais formulé, toujours farouchement nié, mais toujours sous-jacent de la part des représentants du pouvoir, est d’amener, par un puissant effort de soft power, la majorité des gens à rester cérébralement silencieux et électoralement dociles. En échange de la promesse floue de plus de consommation et de confort à venir, le citoyen moyen est invité à consentir au caractère inquiétant des dérives contemporaines du capitalisme, à s'asseoir sur la plus embrionaire des exigences éthiques, à chérir sa servitude, à célébrer ce « meilleur des mondes », à dorloter la léthargie si apaisante de sa pensée.

Privés d’outils d’analyse, des éléments de réflexion, de l'exercice d'une pensée relativement autonome, paralysés dans leur action, la majorité de nos contemporains, soit, s’agenouillent devant le prétendu déterminisme d’un capitalisme donné pour indépassable, soit enfoncent leur tête dans le sable, soit deviennent les adeptes aliénés de tel ou tel bréviaire plus ou moins fascisant et postmoderne.

Sans une révolution dans le système médiatique, propre à encourager l'expression, la diffusion, d'une pluralité d'idées et d'arguments, notre démocratie continuera, à représenter un projet de plus en plus lointain, une coquille de plus en plus creuse et fragile.

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