On pensait pourtant qu'on en avait fini avec cet opium du peuple, qu'on étaient enfin sortis de l'obscurantisme.
Puis il a bien fallu mettre un terme à nos espérances, les signaux d'alarme sont partout. Malgré le fait que, l'immense majorité des philosophes, des intellectuels et des scientifiques n'adhère à aucune religion, une partie de plus en plus visible de la jeunesse s'est mise à croire en Dieu sans qu'on l'y oblige, de par le monde, il subsiste encore 80% de croyants (une récente étude à dénombré pas moins de 2000 divinités de tous genres et accoutrements) et la division religieuse reste la source principale de violences contre une partie des populations et de conflits armés.
Alors, pourquoi l'humanité passe-t-elle son temps à inventer des entités surnaturelles et à leur prêter un rôle aussi crucial ?
Comme à tout phénomène observé, on peut dénombrer de multiples explications :
Génétiques : L’attirance universelle qu’exercent les croyances religieuses a une origine biologique. Il y a un consensus scientifique pour considérer que la façon dont notre cerveau réagit est notamment le fruit de la sélection naturelle. Notre esprit n'est pas une page blanche qui s'emplit peu à peu par l'éducation, tantôt d'intelligence et de raison, tantôt de superstition, mais un organe hérité de l'évolution, structuré dès la naissance, déterminé dans son fonctionnement comme dans sa production. Aussi, s'il produit des dieux, c'est qu'il est construit de manière à les produire.
Anthropologiques : C'est parce que l'homme a longtemps dû fuir les prédateurs, la sélection naturelle a favorisé chez nous la capacité à percevoir des présences et des agents intentionnels autour de nous, à tel point que nous en créons même quand il n'y en a pas.
Psychologiques : La façon dont l’intelligence humaine fonctionne consiste à lier les causes et les effets et à postuler l’existence d’autres esprits derrière ces causes et ces effets. L’idée de dieux expliquant les phénomènes naturels pourrait être née ainsi. Et, par un reflex d'autoprotection, un biais cognitif, notre esprit a tendance à croire ce qu’il juge réconfortant, pas ce que les preuves réelles démontrent. En règle générale, les gens ne veulent pas savoir, ils veulent croire.
Sociopolitiques : Les religions sont évidemment instrumentalisées à des fins de pouvoir et également une façon pour les dirigeants de justifier et rendre supportables les dysfonctionnements de la société.
Un constat reste pourtant patent :
Dans la liste des Nations Unies des 20 pays au monde où la qualité de la vie est la meilleure, on retrouve généralement des nations où le poids de la religion est le plus faible. Et la grande majorité des pays en bas de ce classement sont considérés comme très religieux.
Et les conflits et harcèlements liés à la religion ont augmenté de manière significative dans le monde depuis six ans. Selon une récente étude portant sur 198 pays, soit plus de 99% de la population mondiale. Un tiers des pays évalués aujourd'hui éprouvent de sérieuses tensions religieuses, du fait du gouvernement ou de la société en général. En 2007, ce chiffre était de 20%. Cela va des violences aux brimades, jusqu'au terrorisme. Si les tensions sociales ont augmenté (48% des pays concernés ont vu un accroissement de la violence religieuse), on peut en dire autant des restrictions religieuses promulguées par les gouvernements. Selon cette même étude, 4% seulement de la population mondiale vit dans un pays où le niveau de restriction des pratiques religieuses est faible.