« La religion repose sur la différence essentielle de l’homme et de l’animal. » Feuerbach
Nous, les humains, nous distinguons des autres espèces animales par notre faculté et notre propension à croire, à une idée, une théorie, un dogme, une religion, en l'absence de véritable réflexion et connaissance rationnellement fondées. À des degrés divers, les processus psychologiques et cérébraux qui nous conduisent à croire, le plus souvent inconscients, n’épargnent personne et conditionnent à notre insu, nos vies, nos décisions, nos choix et notre rapport au monde.
En croyant, nous renonçons à notre faculté de nous questionner, dans le confort des réponses toutes faites, portées par la doxa régnante sur notre milieu d'origine, un « prêt-à-penser » qui laisse la raison en repos.
« Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi? C'est parce que vous vous séparez du reste de l'humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence. Celui qui cherche à comprendre la violence n'appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui lui importe c'est la compréhension totale de l'humanité. » Jiddu Krishnamurti
Ces croyances règnent universellement dans l'ensemble de nos communautés d'origine, jusqu’à quelquefois s’organiser en système religieux totalitaire. Elles remplissent une fonction psychologique, un véritable rempart contre l’angoisse, en augmentant le sentiment de contrôle.
Malheureusement, les gouvernants l'ont bien compris, et l’emploi des croyances à des fins politiques n’est pas un phénomène contemporain. Toutefois, grâce aux récents progrès en matière de biologie, de neurobiologie, et de psychologie appliquée, les gouvernants sont parvenu à une connaissance avancée des ressorts qui nous animent et nous gouvernent, à la fois physiquement et psychologiquement.
Ainsi, force est de constater que, dans bien des cas, les tenants du pouvoir détiennent un plus grand contrôle sur la manière de penser de la majeure partie des individus qui composent leur population, que les individus eux-mêmes.
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, en leur proposant, à l'aide des médias et autres clergés, un discours « prêt à penser » faisant appel à l’émotionnel pour court-circuiter l’analyse rationnelle, le sens critique des individus et ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements. Depuis longtemps, les personnes qui détiennent le pouvoir ont compris que pour maintenir ce pouvoir, il fallait s’assurer que les gens ne le remettent pas en question. Une telle pratique a souvent été utilisée par des politiciens affirmant que tout ce qui va mal dans nos vies est la responsabilité d'un bouc émissaire, le plus souvent, le marginal, l'étranger, l'impie. Or, cette stratégie du bouc émissaire, a tendance à faire ressortir ce qu’il y a de plus mauvais en nous. Elle nourrit le racisme et l’intolérance… pour, malheureusement, déboucher trop souvent, sur le conflit armé.
Dans l’histoire, les religions, les nationalismes, les appartenances ethniques, ont été le prétexte d’objectifs de domination ou d’oppression. Un peu partout, le dogmatisme fait retour, nourrissant ainsi des fanatismes de riposte dans une spirale cauchemardesque, telle que celle à laquelle ont peut assister ces derniers jours.
Aussi, par delà les cris d'indignations, le plus souvent, peu exempts de parti pris pour telle ou telle cause, croyance, appartenance, nous, unis dans un refus de la spirale de violence, devrions nous demander comment agir au mieux (sur nous-mêmes et sur les institutions), pour faire front commun contre les manipulateurs de toutes sortes et de toutes obédiences.