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Billet de blog 16 janvier 2023

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Comment l’amour de la nation peut accoucher d'un conflit armé mondialisé

Au cours des dix dernières années,  la montée en puissance des partis d’extrême droite et des mouvements populistes semble témoigner d’un retour en force de cette idéologie, observé dans le monde entier. Elle coïncide avec le déclin des partis traditionnels autour desquels s’était construit l’échiquier politique depuis plus de cinquante ans dans de nombreux pays occidentaux.

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Partout, la glorification de la nation, et, le plus souvent de la religion, est élevée au rang de doctrine et les intérêts nationaux priment sur le bien commun de l’humanité , pour constituer l’objectif premier d'un nombre toujours croissant de chefs d’Etat : Trump, Bolsonaro, Salvini, Poutine, Xi Jinping, Kim Jong Un, Jorg Heider, Alexandre Lukachenko, Viktor Orban, Ali Khamenei,  Narendra Modi, Benjamin Netanyahou, Erdogan, etc

Ces autocrates rêvent, tous ou presque avec la bénédiction de leur dieu, de dominer le monde et d'y imposer leurs croyances. Peu importe les formes de persuasion empruntées, que ce soit, par les armes, la pression économique et financière, ou par leur arsenal de propagande (soft power), et ce, le plus souvent, dans un oubli total des droits de l'homme, des principes démocratiques, de justice sociale et de l'environnement.

« Les dépenses militaires mondiales ont continué d'augmenter en 2021, atteignant un niveau record de 2113 milliards de dollars.

C'est la septième année consécutive d'augmentation des dépenses. Les dépenses militaires mondiales dépassent les 2 000 milliards de dollars pour la première fois (Stockholm, 25 avril 2022) – Le total des dépenses militaires mondiales a augmenté de 0,7 % en termes réels en 2021, pour atteindre 2 113 milliards de dollars. Les cinq plus grands États en matière de dépenses militaires en 2021 - États-Unis, Chine, Inde, Royaume-Uni et Russie - concentrent 62 % des dépenses militaires mondiales, selon les nouvelles données sur les dépenses militaires mondiales » Stockhlm International Peace Research Institute

Quand ils ne sont pas encore emparés du pouvoir, les partis nationalistes progressent un peu partout, y compris en Europe. Que ce soit en France, en Grande Bretagne, aux Pays Bas, dans les pays du Nord de l'Europe, comme en Allemagne, nous avons pu assister à une progression tangible de l’expression, de la visibilité et de l’acceptation des thèses nationalistes, dont certaines ont été reprises à leurs compte par des partis jusqu'alors considérés comme appartenant à la droite dite modérée.

Même si les différents facteurs déterminants la montée du nationalisme sont d'influence variable en fonction des contextes (politiques, économiques, sociaux et environnementaux) propres à chaque région du monde, il est possible d’identifier un certain nombre de causes de la progression de ces idées dans les populations :

Depuis quelques années, les processus de financiarisation et de globalisation économiques, propres au libéralisme économique, ainsi que l'exploitation de plus en plus concurrentielle des ressources naturelles et minières, ont contribué à déstabiliser les structures sociales traditionnelles, à précariser les conditions de travail, à provoquer conflits et migrations.

On assiste à une forme de régression sociale, de néo-prolétarisation de la classe moyenne. Que ce soit dans les régimes autoritaires ou dans les démocraties revendiquées, les revenus provenant de l'activité économiques sont répartis de manière de plus en plus inégalitaire et la promesse d’ascension et de mixité sociales faisant tant rêvé durant les trente glorieuses est de plus en plus remise en question.

Le pouvoir d’achat de beaucoup de personnes sur la planète a baissé depuis 2 ans, avec, la crise sanitaire, les répercussions de la tentative d'invasion de l'Ukraine par la Russie et, un peu partout, avec l'avènement du libéralisme, le démantèlement des mécanismes de redistribution. Mais cette période n’a pas été si dure pour tout le monde. Selon le nouveau rapport d'Oxfam, elle aurait même été tout à fait fructueuse pour les marchands d'armes et autres milliardaires.

Les ventes d'armes et de services destinés au secteur militaire ont augmenté en 2021, même si elles sont affectées par des problèmes d'approvisionnement liés à la pandémie et la guerre en Ukraine.

« Selon un nouveau rapport publié ce lundi par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les 100 plus grandes entreprises d'armement ont vendu pour environ 562 milliards d'euros d'armes et de services destinés au secteur militaire en 2021. Un chiffre en augmentation par rapport à 2020. »  La rédaction de France Inter

« Les riches ressortent de la pandémie encore plus riches et les pauvre encore plus pauvre, voilà le constat que fait le nouveau rapport d'Oxfam concernant ces années Covid-19. "Sur toute la planète, la fortune des milliardaires a augmenté de 5 000 milliards. Une hausse de 60 % en 2 ans, du jamais vu. Celle des 10 plus fortunés a même doublé ! 

Les inégalités se creusent

Ce bilan est valable aussi en France. "Les 5 plus grandes fortunes de France gagnent autant que 40% de la population". Avec toujours en tête, Bernard Arnault, les 5 premiers milliardaires au classement sont bien plus riches qu’il y a deux ans. Cela s’explique par les aides et plans de relance déployés par le gouvernement. "Les marchés financiers en ont bénéficié, le cours des actions a grimpé, et concrètement, sans rien faire, les plus riches ont vu leur fortune augmenté encore plus vite. Dans le même temps, 7 millions de Français ont désormais besoin d’aide alimentaire, c’est 10 % de la population » Diane Schlienger Journaliste France 2 

Par ailleurs, les valeurs ego-centrées de la doxa libérale, en imprégnant les esprits du plus grand nombre, ont amenés la plus grande partie des populations du globe à considérer comme logiques et légitimes les revendications identitaires et ego-centrées des partis d'extrême droite.

De plus, les réseaux sociaux, dont la plupart sont aux mains de libertriens convaincus, sont devenus des chambres d’écho des idées extrémistes qui, en exploitant les préjugés et l’ignorance, en maniant les théories du complot, l'invective et l'insulte, gagnent en popularité et servent les intérêts des populistes.

« En France, l’extrême droite est la force politique qui publie le plus de messages haineux et insultants sur les réseaux, selon une nouvelle étude de l’organisation américaine prodémocratie Reset Tech. Il en ressort de manière nette que les partisans d’extrême droite sont de loin les plus violents sur les réseaux. Sur Facebook, les pages associées au Rassemblement national représentent 45,1 % des post hautement toxiques, c'est à dire comportant de graves insultes, menaces et/ou discours haineux.Il apparaît aussi que les personnes les plus radicalement engagées en faveur des extrêmes sont également les plus actives. Il y a clairement une responsabilité des plateformes sur la mise en avant des commentaires haineux. Car le système des réseaux sociaux favorise les comptes et les post qui génèrent le plus de commentaires. Bien souvent plus les propos sont extrêmes, et attisent les émotions, plus ils suscitent de réactions. Par ailleurs, le fait que ces profils "extrêmes" commentent beaucoup favorisent leur exposition. Ce sont en quelque sorte de bons clients pour les plateformes.» David Rich Journaliste France 24 

Et ce n'est pas avec le rachat de Twitter par Elon Musk que les choses risquent de s'améliorer.

« Sous la direction d’Elon Musk, Twitter a récemment rétabli des dizaines de milliers de comptes, dont certains appartenaient à des complotistes, au risque de relancer un phénomène de désinformation sur le réseau social. «Rétablir ces comptes va faire de la plateforme un aimant pour les acteurs qui veulent répandre des fausses informations», prévient ce lundi Jonathan Nagler, co-directeur du Centre sur les réseaux sociaux et la politique de l’université de New York. «Et il y aura moins de modération des discours haineux, ce qui va rendre le réseau moins hospitalier pour beaucoup d’utilisateurs», ajoute-t-il.

Selon le développeur Travis Brown, plus de 27 000 comptes restaurés avaient été suspendus pour motif de désinformation, de harcèlement et de manifestations de haine. Il a cependant affirmé que sa liste était incomplète et que le nombre de ces comptes pourrait être plus élevé.

Parmis les anciens paria de nouveau autorisé : l’ancien président Donald Trump, l’homme d’affaires influent, Mike Lindell, soutien inconditionnel de l’ex-chef d’Etat américain a appelé, dès le rétablissement de son compte, à «fondre les machines électroniques de vote pour en faire des barreaux de prison». Une référence directe à la théorie complotiste selon laquelle le décompte des voix lors du scrutin présidentiel de 2020 a été manipulé avec l’aide des machines à voter, ce qui n’a jamais été démontré. Egalement réadmise sur Twitter : la militante d’extrême droite Pamela Geller, présentée par l’organisation juridique de lutte contre l’extrémisme Southern Poverty Law Center comme «l’une des activistes anti-musulman les plus flamboyantes des Etats-Unis». Article paru dans Libération

Ces nationalistes expriment un besoin de reconnaissance, de dignité, ainsi qu'un besoin de stabilité, de repaires. Souvent, ils imaginent appartenir à une communauté d'êtres d'essence supérieure, et même, pour certains d'entre eux, d'élus de dieu.

Et les populations de perdants de la mondialisation économique, déçues par les promesses non tenues, tant de la part des dirigeants se réclamant du socialisme, que de ceux du libéralisme, se défient des représentants des partis politiques traditionnels et croient de moins en moins au caractère réellement démocratique du fonctionnement de des institutions.

L’abstention a progressé de façon spectaculaire au premier tour des élections municipales de mars 2020, avec une hausse de près de 20 points, pour atteindre le niveau record de 55,36 %. 

« Les partis traditionnels français au bord de l’implosion

Le centre droit et le Parti socialiste ont dominé le paysage politique français pendant plus d’un demi-siècle. Ils sont en proie à des difficultés sans précédent, ce qui pourrait bien les conduire tous deux à l’implosion » Une analyse de Foreign Policy

Tout se passe comme si le triomphe des idées de droite qui accompagne la globalisation libérale, se métamorphosait progressivement en triomphe des idées d'extrême droite et que l'ouverture des frontières au commerce et à la finance avait engendré un éveil mondial des replis nationalistes et, des régimes autoritaires et belliqueux.

Les moins favorisés d'entre nous soutiennent massivement les idées des tribuns populistes d'extrême droite diffusant, à leur intention des discours simples, presque binaires, d’affirmation identitaire, les encourageant à défendre de la nation contre de supposées agressions extérieures et/ou intérieures et semant les ferments du sectarisme, de la haine et du fanatisme. 

Partout dans le monde, l’augmentation des discours d’exclusion, xénophobes et parfois racistes, et des actes de violence dans la sphère publique, soulèvent de nombreuses questions sur le rôle de l’éducation.

Or, pour que la paix s'impose sur l'ensemble du globe, il faut que chaque peuple se sente solidaire des autres. C’est ensemble qu’on peut résoudre les problèmes complexes et tellement interdépendants du monde contemporain, dans le dialogue, la coopération, l’assistance mutuelle.

Afin de tenter d'endiguer la montée des nationalismes, il serait, me semble-t-il judicieux de porter les efforts sur l'instruction et l'encouragement de tous à l'exercice d'une pensée autonome, destinés en priorité aux segments de population les plus vulnérables aux discours sirupeux des populistes, peu exercée à l'analyse critique et dialectique et pourtant, seule appropriée à déjouer tous les pièges des beaux parleurs de la politique.

"Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi? C'est parce que vous vous séparez du reste de l'humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence. Celui qui cherche à comprendre la violence n'appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui lui importe c'est la compréhension totale de l'humanité." Jiddu Krishnamurti

Par ailleurs, (rêvons un peu) l'Organisation des Nations Unies, devrait être rebaptisée Organisation des Peuples Unis, et complètement refondée en ce sens, déconnectée des influences des nations et de leurs chefs, composée de participants élus directement par les populations, reflétant de la façon la plus proportionnelle et démocratique possible, toutes les formes de diversités et d'altérités (classes sociales, genres, origines, croyances, …) pour des mandats suffisamment courts et non renouvelables afin qu'une nouvelle forme de verticalité du pouvoir ne se cristallise à nouveau et que les différents lobbies ne puissent y exercer trop efficacement leur habituel travail de perversion et de détournement des instances internationales au profit de leurs seuls intérêts égoïstes.

« Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. » Romain Gary

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