De l'Afrique Noire aux Afrodescendants : Entre africanité et créolité. L'analyse d'un grand camouflage des ravages exercés par le colonialisme français le plus actuel. Le texte officiel d'introduction aux débats. en P.J.
Quand émergent les masques des aliénations, aux dimensions 3D, révélateurs de la mécanicité des transbordements conducteurs de stigmates et de souffrances, ils culminent à cette conférence d'hypnotiseurs culturels propagandistes hypocondriaques cette dernière semaine du mois de mars. En effet, animée par les conférenciers : Claudy Siar (Délégué interministériel à l'égalité des chances des français d'Outre-mer, cofondateur de Tropiques FM), Françoise Vergès (politologue, écrivaine, présidente du Comité pour la Mémoire et l'Histoire de l'Esclavage), Madina Régnault (Docteure en anthropologie sociale, chercheuse associée à Berkeley, consultante spécialisée en relations culturelles internationales) et Jean-Charles Coovi-Gomez (égyptologue, historien à la Maison des Kémites Marcus Mosiah Garvey), son texte d'introduction au débat général, prévu en fin de programme, ouvre sur les aléas de l'Histoire au cours des siècles, qui ont conduit une partie de la population africaine à être dispersée à travers les océans... Tout comme si l'Histoire, tout au moins dans sa part occidentale, n'était pas animée d'une volonté assez dominante pour en identifier les acteurs décidants d'un côté, et contradicteurs de l'autre. Comment comprendre qu'une grande fraction du peuple africain ait été arrachée du continent ?
Ils s'ensuivraient donc, les nouveaux territoires sensés appartenir aux (...) historiques diasporas noires sur lesquels elles ont édifiées des sociétés et des cultures métissées et novatrices. S'il ne fait pas de doute que le processus génial et novateur de ces humanités contraintes, nous porte ses fruits au quotidien et donc se vérifie, il en est tout autrement de la propriété de territoires dont elles jouiraient souverainement, (à de rares exceptions près), depuis ces premiers temps de conquête. Quels sont les liens historiques, culturels, artistiques et intellectuels entre l'Afrique et ces/ses Outre-mers ? (Ces liens sont très fluides ; prenons l'exemple de l'absence de retour de jumelage Guyane-Sénégal jusqu'à ce jour, dont le Sénateur-Maire Léopold Héder avait porté le projet initial) peut-on lire comme première question suivie de : Entre métissages et revendication des liens avec l'Afrique, fascination et rejet, quelle est la place accordée à l'africanité dans l'identité ultramarine ? (Quelle fascination ? Bujumbura ? Brazzaville ? Franceville ou Fort-de-France ?) comme seconde question, et de : Au delà de cette question, comment interpréter la singularité des sociétés et cultures créoles ? pour dernière interrogation. A considérer l'esprit d'ensemble ici -Regards Croisés- de cette conférence sibylline, curieuse des réponses que nous pourrions apporter à ces questions, nous observons que l' évidence des relations (en dehors de l'incongruité du fait de vouloir attribuer de manière conceptuelle à la seule Afrique des constellations à l'instar des possessions françaises, celles-ci bien réelles) historiques, culturelles, artistiques et intellectuelles qui ont évoluées, offre d'elle même les réponses qui devraient donner entière satisfaction sans avoir à en donner une vision fantasmatique ou indéterminée. Cette première réponse valant pour dire qu'il existe forcément des interrogations beaucoup plus pressantes liées à la dérive inhumaine sans issue de l'Histoire coloniale, bien plus urgentes en ces temps où elle tente de se renouveler toujours en marche vers son échec qui est heureusement le seul ici à introduire à connaissance. Pour la deuxième réponse, là encore, la place accordée à l'africanité dans l'identité fourre-tout appelée institutionnellement ultramarine est posée (par les organisateurs) comme essentielle ou mystérieuse, le soufflé retombe... Fascination et rejet ? Entre métissages et revendications, cette question à l'aune de l'actualité n'est pas orientée vers le bon continent, ni vers le vif du sujet, nous sommes tous fils de ceux qui survécurent (Esclavages ou Violences économiques) pour reprendre Édouard Glissant, et cela tant en Afrique, Guyane, aux Antilles, dans l'océan Indien et les Amériques.
Enfin la dernière réponse coupera à la logique d'une conférence maquillée, dont l'esprit, tropicalisateur, curieux des curiosités, des singularités de sociétés bâtardes et de cultures hybrides, tente l'interprétation comme l'on chercherait à décrypter une fiction de l'imaginaire ou à prendre la clé d'un rêve.
Premier conférencier au programme, Claudy Siar, selon le texte introductif à la conférence, partageait sa vision d'être afro-caribéen, français, créole. Une vision de soi ! (on y revient), s'interpréter soi-même ! Se rendre transparent ! Livrer son intime équation ! Abandonner son droit à l'opacité ! Tant de renoncements pour l'avidité et le compte d'on ne sait quelle impérieuse rationalité, pourquoi s'expliquer d'être ? Se justifier d'être ? Bientôt nous excusant d'être. Après avoir succombé aux chants d'honneurs des sirènes des autorités françaises, M. Siar ne s'est-il pas plutôt fait attrapé, a y regarder de plus près, par les murènes gauloises des trois océans ?
Second conférencier, Françoise Vergès évoquait les question de l'esclavage, du fait colonial et répercussions de ces événements sur les représentations passées et actuelles entre ultramarins et Africains. Nous retrouvons ici, - outre l'aspect bénéfique, que nous encourageons, de la Mémoire qui rapproche les mémoires en mutuelles estimes - un angle d'approche faussé, car tenu fermé sur des représentations immatérielles des résultantes contemporaines de l'Esclavage et du fait colonial. Pour autant les dernières nuits de soulèvements du 21 au 25 février dernier à Saint Denis de la Réunion, (tenues camouflées par tous les médias français sans exception), auraient-elles dû frapper les esprit et aussi rappeler la permanence incontrôlable de ses répercussions liées à la domination française. Il faudra bien, (reprenant Édouard Glissant in Commémoration nomade et diffractée pour l'année 2008, de la Mémoire des esclavages et de leurs abolitions dans les Amériques et l'océan Indien ), "de part et d'autre de la fracture coloniale, consentir un jour à partager les mémoires de ces lieux" et, en prolongeant très humblement E. Glissant, consentir encore ! À partager les richesses de ces lieux ! Le pouvoir en ces lieux ! ... Toutefois, Mme Vergès était une des très rares personnalité françaises consensuelles à s'être rendu au Salon Anticolonial à Paris (La Bellevilloise) des 25 et 26 février dernier s'attardant longuement au stand de la Guyane tenu par le Mouvement de Décolonisation et d'Émancipation Socale (MDES) et l'Organisation Guyanaise des Droits Humains (OGDH) ; Nous avons cependant pu observer qu'elle ne prît pas le temps de visiter celui des jeunes Réunionnais Émigrés en France (JERF) situé juste à côté...
En fin du texte de la conférence nous trouvons : Cette conférence sera l'occasion d'illustrer la singularité des sociétés et cultures métissées d'Outremer, concrétisation historiques de cette ambivalente créolité conjuguant regard d'historiens et de spécialistes issus des espaces africains et ultramarins (...) "cette conférence s'achèvera par un débat général avec le public afin que le dialogue entre l'Afrique et ses diasporas figure un enjeu d'envergure pour cette Afrique à la croisée des chemins".
Nous retenons la constante métaphysique de cette conférence dévouée à l'exercice de l'illustration des métissages Outre-mers dont l'ambivalente créolité serait la concrétisation historique. Si les somptueux inattendus de la créolisation nous on conduits à produire l'intelligence collective pour la résolutions des antagonismes liés aux libertés des peuples, la créolité, vue depuis la conférence, nous est présentée comme dans un inouï conflit intérieur, comme une énigme pour elle-même, comme une splendeur schizophrène.
Pour ce qui serait de l'état des relations entre Africains et ultramarins, là encore, la conférence passe volontairement ou involontairement à côté de l'essentielle Mémoire. Le dialogue entre l'Afrique et la diaspora figure moins tel un enjeu pour l'Afrique présentée comme à la croisée des chemins que l'enjeu du dialogue le plus urgent entre les puissances occidentales et l'Afrique d'une part, et entre la France et les pays sous son emprise d'autre part (cf : l'exemple de la volonté de nouer de nouvelles relations avec l'Afrique, donné par l'ancien Président du Brésil Lula en fin de mandat). Eût égard à l'exploitation des pays africains organisée par l'Europe, et à la répression aveugle des immigrations consécutives à la pratique visiblement renouvelée du colonialisme : Les esclavages, les famines, les immigrations ont les mêmes causes, qui ne sont pas de mécanicité mais d'une férocité d'exploitation sans pareil écrivait M. Glissant dans son texte présenté plus haut, c'est dire le parti pris magnifié qu'il nous appartient de saisir en toute solidarité avec les peuples qui contestent, contredisent et combattent ceux qui font de l'Histoire globale un cortège d'oppressions de toutes natures, (individuelles, collectives, réseaux, économiques et politiques) exercées contre eux.
Quant à : La situation singulière de Mayotte qui serait tiraillée entre Afrique et appartenance à l'Outremer français que présentait cette conférencière, on aurait pu la croire benoîtement ignorante de l'indépendance des Comores depuis 1975 et de leur droit souverain à l'intégrité de leur territoire, lacune d'autant plus stupéfiante que, notre anthropologue, chercheuse, consultante spécialisée en relation culturelles internationales, touriste itinérante, ne reconnaît Mayotte qu'en sa qualité de propriété française ! Tiraillée (tourmentée) par l'Afrique de surcroît ! L'ONU condamne chaque année depuis le 6 juillet 1975, l'entrave de la France à l'achèvement de l'indépendance des Comores. Au terme de colonisation s'est depuis lors ajouté, un violent synonyme, celui de Mayottisation ! qui consiste pour un pays de s'introduire dans un autre pour le déstabiliser et garantir son omniprésence coloniale.(cf. La départementalisation de Mayotte par la République Française le 31 mars 2011, - il y a un an de cela quasi jour pour jour - comme 101ème département français et cinquième département d'Outre-mer aux goûts amers). Agissons de sorte que la force du droit prime sur le droit de la force ! (La Hollande occupe également des colonies : Aruba, Bonaire, Saba, St Eustache, St Martin dans la Caraïbe tout comme l'Indonésie en Papouasie, la Grande Bretagne aux Iles Malouines ou les États-Unis à Porto-Rico).
La question de l'intérêt d'une telle conférence, qui dès le départ, consciemment ou inconsciemment, tourne le dos à la réalité des faits coloniaux les plus actuels - lesquels sont repoussés par de légitimes revendications nationales - reste dans une vacuité abyssale ; sauf peut-être à s'émerveiller de la francophonie, (Ce monolinguisme impérialiste et totalitaire), tenue présomptueusement pour universelle. Reprenons plutôt notre action dans l'Histoire en la continuant, en la multipliant, en y étendant et y défendant le droit des peuples contraints à refuser l'assentiment de fausses unité d'État-Nation ! (Soulignons le 2ème Forum Social de la Guyane à Awala-Yalimapo avec la participation d'Alfredo Wagner, anthropologue brésilien de l'Université fédérale de Rio de Janeiro).
Raymond Charlotte et Pierre Carpentier.