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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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Billet de blog 13 août 2014

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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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Guyane,"vers la décolonisation de nos esprits", par Patricia Triplet, poétesse guyanaise.

S'il y a une étincelle quelque part,  elle est dans la conscientisation du peuple. L’étincelle peut se transformer en flamme, celle d’une révolution pour le changement à condition que le peuple fasse partie intégrante du changement.

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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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S'il y a une étincelle quelque part,  elle est dans la conscientisation du peuple. L’étincelle peut se transformer en flamme, celle d’une révolution pour le changement à condition que le peuple fasse partie intégrante du changement.

1ère partie : Décoloniser l’école

 Comment pourrions-nous dé-faire ce que la colonisation a mis en place ? L'école dans nos pays dominés, comme elle existe sous sa forme actuelle, est-elle capable de former des gens qui seront en mesure de s'engager dans la lutte pour le changement de leur pays ?

Le peuple doit se faire violence car il n’appartient qu’à lui de mener des actions permettant la transformation de cette dite école. Il devient de plus en plus insupportable de constater que seule une poignée infime se donne le droit, sans consultation du peuple, de pratiquer une éducation dite libératrice ou promouvoir le changement dans le système éducatif. Education sous le contrôle de l'Etat, gardien des intérêts de la classe dominante. Mais, le changement de politique éducative dans une société peut se préparer par le peuple. Si le peuple est organisé, conscientisé, politisé, regroupé de manière à pouvoir unir sa force, et à bien orienter cette dernière. D’où l’importance de la prise de conscience dans un projet de transformation sociale.

 La conscientisation de la classe populaire doit être l’élément fondamental à la construction d'un projet de lutte pour emmener le peuple à assumer son rôle historique de s’émanciper de ses conditions sociales aliénantes d'existence.

Pour cela, nous devons être profondément convaincus de la capacité de chaque être humain d'être acteur autonome de sa vie et de participer pleinement à la transformation de son pays. C'est la conviction que même dans les peuples les plus dominés et aliénés, des hommes peuvent parvenir à percevoir la possibilité de transformation de leur situation, à croire en leur capacité d'y arriver, à identifier et à exprimer leurs intérêts et leurs désirs, ainsi qu'à s'impliquer activement dans la transformation de la société en ce sens.

 Ce travail de conscientisation doit viser comme premier objectif l'organisation de la classe populaire, condition essentielle à sa fortification. Si cette classe arrive à se regrouper dans divers types d'organisation reliés entre eux, soit : parents, étudiants, professeurs, ouvriers, petits commerçants et artisans, pour débattre de leurs intérêts communs, discuter de leurs statuts d'opprimés, elle peut non seulement réclamer et obtenir son droit à l'éducation, mais en plus exercer une action sur l'orientation de la politique éducative de son pays.

 L'erreur qu'on doit éviter est de penser que ce travail fondamental pour la lutte vers l'émancipation qu'est la conscientisation est facile. D'ailleurs, le chemin de la liberté, de la désaliénation est toujours chargé d’obstacles. La transformation du peuple en une classe consciente de son statut et de son pouvoir est un travail d'envergure et de longue haleine, mais, sans sa réussite, le changement social profond est impossible.

 En Guyane, le travail de la conscientisation du peuple doit s'accompagner d'une désaliénation perpétuelle. La politique de diabolisation et d'infériorisation de tout ce qui touche au schème socioculturel de la population entamée depuis la colonie, pour contenir les esclaves dans leur carcan et assurer la perduration de la structuration économique esclavagiste au profit de la métropole française, a persisté durant tous ces siècles, en alternant force brutale et humiliation pour continuer l'exploitation de la population par un petit groupe qui se croit étranger. Toutefois, ces incessants assauts, au lieu de supprimer la culture populaire, ont renforcé sa résistance. C'est ainsi que ces outils culturels ont contribué activement au renversement du système colonial esclavagiste, et assumé l'imperméabilité et la capacité de résistance énorme qu'a le peuple devant l'adversité. Alors, si la maîtrise de la culture du milieu populaire constitue un point important dans le processus de conscientisation, en ce qui concerne la Guyane, elle est l'un des points fondamentaux, puisque la culture populaire est un lieu de dénigrement intense, où, sans aucune compréhension, elle sert de stigmate, que ce soit à travers la langue parlée par nos peuples ou ces différentes autres formes de manifestation.

 Le travail de désaliénation, et d'acceptation totale de soi comme personne historique, comme acteur, devant agir sur les conditions sociales imposées par le système capitaliste dans la société, doit se faire dans, et à travers la culture populaire. Une culture non considérée comme quelque chose d'immuable ou statique, mais plutôt considérer comme un processus de production sociale.

 Dans le processus de conscientisation, la culture joue également le rôle de renforcement de l'identité d’un pays. Le sentiment d'appartenance qu'implique le concept d'identité est indispensable pour arriver à se considérer comme responsable de son devenir social à l'intérieur du groupe sociétal. Contrairement à l'idée façonnée par les puissances capitalistes, comme quoi le développement, la démocratie, la modernité doivent sortir de l'extérieur pour être appliqués dans les pays de la périphérie au profit de leurs transformations sociales. Il est important, à travers le processus de la prise de conscience, d'amener la population à penser son propre paradigme de développement, à voir la nécessité de prendre son avenir politique en main. Le processus de transformation doit en fin de compte amener la population à comprendre les incidences de l'éducation actuelle sur la formation de ses enfants et agir pour la transformer.

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