Pierre Carpentier (avatar)

Pierre Carpentier

MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

Abonné·e de Mediapart

422 Billets

3 Éditions

Billet de blog 21 mai 2014

Pierre Carpentier (avatar)

Pierre Carpentier

MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

Abonné·e de Mediapart

MARQUISIENS, frères de lutte. (Hommage à Lucien Roo Kimitete).

Peuples éparpillés en proie à « l’adaptation », lorsqu’ils sont expulsés du cœur de l’infini des mers, je veux dire par là de leurs îles à la cime des eaux de notre aquasphère, surgies si hautes dans le ciel des montagnes marines, par le système qui a manqué de les anéantir, c’est à vrai dire à perpétuité au mieux pour toujours.

Pierre Carpentier (avatar)

Pierre Carpentier

MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Baie de Taiohae. Nuku Hiva
Illustration 2
Ismaël et Maima Patu Huukena.

MARQUISIENS, FRÈRES DE LUTTE.

(En hommage à Lucien Roo Kimitete).
(et sur le site d'infos générales Tahiti Infos, lien ici)

À la Une générale du 21 mai 2014 : ici 

Je sais qu’il est déjà extrêmement difficile aux exilés ou « traités à rebours » des Antilles-Guyane et de l’Océan Indien « français » de se donner les moyens de retrouver les leurs une fois qu’ils ont été évacués de leur pays d’origine vers la France par les politiques de sous-développement que l’on sait structurellement entretenues par leur dépendance à la « Métropole » ; mais lorsque l’on exerce cette politique sur le peuple marquisien, elle prend une tournure pratique de déracinement immédiatement définitif, tant l’éloignement du pays se révèle dispendieux pour le Maori qui souhaite le regagner.

Ainsi prît au piège de la mobilité territoriale, le Marquisien exilé, _plus encore que tout autre « Domien », « Pomien » ou « Tomien »_ tente-t-il coûte que coûte de rallier son archipel pour le plus déterminé d’entre eux, par tous les moyens et de façon héroïque tant-il articule le cri de son courage à la face du monde entier.

Avec l’exemple époustouflant d’Ismaël Patu-Huukena  + sur Facebook (agent de sécurité depuis 11 ans en France) Marquisien de Nuku Hiva qui partît de Bayonne (France) le dimanche 21 avril 2013 à bord de son Vaka (pirogue à balanciers et à voile) baptisé « Te Hono é hakoé te mikéo » (la Paix et le Pardon) pour retrouver sa fille de quinze ans laissée là-bas après une traversée estimée alors à quatre mois. Frêle esquif qu’il mît dix-huit mois à construire en compagnie de son épouse Maima.

« Je rentre en pirogue comme mes ancêtres, je veux montrer à ma famille que je n’ai pas oublié nos traditions. C’est une façon pour moi de demander pardon à ma famille. Je porte la distance qui nous sépare comme un véritable fardeau». Sa femme prendra quant à elle l’avion, elle confessait au journal Sud-Ouest, quelques jours avant le grand départ, ne pas avoir le pied marin mais être surtout solidement accrochée à son matelot improvisé de mari.

Illustration 3
Lame arrièr pdt la traversée de Panama à Nuku Hiva.

L’appel de l’épicentre des eaux (j’entends ici de Nuku Hiva) qui l’a vu naître est si fort qu’Ismaël s’exécute animé par le Mana, cette force spirituelle légendaire tirée des victoires de l’homme Ma’ohi sur la peur, qui lui vient des anciens Toa (guerriers) intrépides et de leurs gloires collectives enfouies à coup de masses météores et de casse-têtes libérateurs.

Dans le droit fil des désordres que le colonialisme contemporain instructure (au sens où il les impose de l’extérieur à une société donnée) aux communautés et aux individus qu’il domine et déproprie, nous observons qu’il est aussi la cause des formes mentalement déviées et névrosées de résistances humaines qui s’opposent à ses intrusions identitaires assimilatrices ou européocentristes. J’en veux pour preuve cet exemple, certes malheureux, du chasseur nukuhivien Aribano Haïti que la justice française vient de condamner à 28 ans de prison (le 16 mai dernier à Papeete sur l’ile de Tahiti) pour le meurtre en 2011 d’un touriste allemand qui séjournait en couple à Nuku Hiva. Homicide qui défraya la chronique en raison de rumeurs infondées de cannibalisme. Il a été jugé coupable du meurtre et de la crémation de la victime et de l’agression sexuelle de sa compagne.

« Ni l’instruction, ni la semaine d’assises n’ont permis de lever les mystères qui entourent ce drame survenu dans le huis clos de Nuku Hiva, une île de la Polynésie française aux paysages à couper le souffle. Le chasseur reconnaît avoir tué le touriste d’une balle dans la tête.(…) Alors qu’ils étaient partis tous les deux pour une chasse à la chèvre sauvage, Aribano affirme avoir bu du rhum proposé par Stefan Ramin. Il prétend que la boisson contenait de la drogue et que Stefan Ramin a profité de sa faiblesse pour le sodomiser » ; termes de la dépêche de l’AFP du 18 mai 2014.

Nous savons toutefois le risque, et donc la menace imminents qui existent à inciter les peuples autochtones dépossédés de leur terre ancestrale, ici maoris, là mélanésiens, kanaks ou amérindiens et d’autres encore, à boire « convivialement » de l’alcool fort ; il suffit d’un mot de trop du Taïoro (ici l’homme qui n’est pas circoncis dans le rite marquisien, l’étranger, le Blanc) d’une dérision exprimée sur un mode qui se voulait humoristique, ou d’une plaisanterie mal à propos ou un peu désobligeante pour qu’elles soient prisent comme provocations et que le destin fasse aveuglément son apparition par la violence.

Par la violence toujours, lorsque le fantôme vivant, Gaston Flosse, récemment revenu (mai 2013) à la Présidence de l’Assemblée Territoriale de la Polynésie française, est indirectement mis en cause dans une affaire d’homicide révélée le 14 mars 2013 dans Le Monde où ses anciens nervis sont ouvertement accusés d’être à l'origine de la disparition mystérieuse en décembre 1997 de l'ex-journaliste Jean-Pascal Couraud opposant d’alors du président et sénateur de la Polynésie française.

Un climat de suspicion dont ce dernier vivant a du mal à se défaire lorsque l’on se souvient de la disparition mystérieuse, en pleine campagne électorale (le 23 mai 2002), de l’avion de ses opposants politique autonomistes, le conseiller territorial marquisien et maire de Taiohae à Nuku Hiva depuis dix ans Lucien Roo Kimitete, et le conseiller territorial et maire d’Arue, commune de Tahiti, Boris Leontieff.

Quand le fantôme politique est lui-même hanté par le pouvoir de la nuit qui est son seul refuge, (De l’enfer il ne sort que la soif inaltérable de l’impossible mort) c’est que les Marquisiens en lutte, et bien vivants sous le soleil caillassant de midi, ont invoqué la combativité du Hakaïki (Chef) ultime de Nuku Hiva, Lucien Roo Kimitete.

Alors leader de la liste autonomiste « Te Henua Enata Kotoa » l’homme fort de Taiohae ne disait-il pas dans cette déclaration de 1996 : « Depuis peu la majorité des tendances politiques de ce territoire prépare l’indépendance de la Polynésie vis-à-vis de la France. Les Marquises font partie du peuple Ma’ohi, certainement, mais avant tout nous sommes Marquisiens, un peuple, une langue, une culture. Nous sommes français depuis plus de 150 ans et nous avons le droit de choisir notre devenir et de bâtir notre pays à notre convenance…notre drapeau marquisien à côté du drapeau national tricolore est le plus grand respect qu’on puisse nous rendre ».

23 et 24 mai 2014, événement musical à Nuku Hiva, le Festival de musiques marquisiennes actuelles "Eo Himene" lien vers Tahiti infos

+ le compte rendu du festival Eo Himene sur Tahiti infos ici le lien :

Illustration 4
"Eo Himene", Festival de musiques actuelles, Nuku Hiva 23-24 2014
Illustration 5
Ile de Fatu Hiva
Illustration 6
Ile de Fatu Hiva

Iles Marquises, Fenua Enana, Lucien Roo Kimitete (1952-23 mai 2002).

Du Guerrier Maori ultime et de son combat politique, nous est advenu le poète. (billet de blog).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.