À la Une de Mêdiapart le 22 juillet : "Une guyanaise handicapée en grève de la faim devant le parlement" http://www.mediapart.fr/journal/une/220715
"Il me semble que la déclaration des droits de l'Homme stipule que nul n'a le droit de me discriminer parce que je suis noire, parce que je suis guyanaise, parce que je suis une femme, parce que je suis handicapée et que ma religion s'appelle Line Legrand ou parce que je suis indépendantiste, je ne veux point être paranoïaque mais je me pose des questions !"
"Je ne suis pas venue en France en tant qu'indépendantiste, je suis venue en France en tant que réfugiée sanitaire. De la même façon que la France a accueilli en son temps Yasser Arafat reconnu alors par certains comme étant un terroriste, et pourtant, moi Line Legrand, je n'ai jamais tiré sur aucun homme !"
Alors que le Tout-Paris glissantien, (celui qui est fidèle à la présence de l'héritage du poète militant indépendantiste de la Relation Édouard Glissant) en présence notamment de la Garde des Sceaux Christiane Taubira et d'Édwy Plenel le président de Médiapart, se recueillait hier encore près des Champs-élysées, autour de l'avant première du court métrage documentaire "Poétique du Divers, ÉDOUARD GLISSANT" réalisé par Guillaume Robillard où l'on reconnaissait là son combat d'indépendance et d'émancipation poétique et politique comme étant des nécessités intellectuelles et esthétiques de la vie, celles qui ont par ailleurs poussé le peuple français à saisir Liberté en 1789,
Line Legrand endure ses péripéties de poète-SDF sur le sol français depuis le mois d'octobre 2013, celles-ci ont conforté sa foi dans l'indépendantisme pour son pays qui, s'il n'était pas maintenu dans l'indigence et la mendicité, aurait disposé de ses ressources, de ses moyens propres et de son avenir pour subvenir à ses besoins, à sa détresse.
"Il est vrai qu'en tant que personne (fût un temps) indépendante, physiquement, intellectuellement et financièrement, on m'a régulièrement mis des bâtons dans les roues. Mais devrais-je me renier moi-même pour ménager la susceptibilité de certains ? Je suis ce que je suis, et je le resterai. Devrais-je en perdre la vie".
Line n'est pas n'importe qui : Elle crée en 1992 en Guyane la première entreprise d'insertion de la jeunesse par le bâtiment à l'âge de 24 ans.
À la même année elle a sacrifié sa formation d'ingénieur en militant pour que le CNAM-Guyane (Conservatoire National des Arts et Métiers) ne dépende plus des Antilles, lui donnant son indépendance à former les jeunes guyanais jusqu'à aujourd'hui.
En 1996 elle participe à la lutte active pour le Rectorat de la Guyane et compte parmi les tous-premiers blessés de la Répression de novembre.
En 2008 elle organise les activités périscolaires de 5 écoles de la commune de Matoury (la 3ème la plus importante du pays) en éduquant les petits écoliers guyanais contre l'aliénation de la société de consommation en organisant l'opération "la fin du sachet en plastique" qui fût remplacé par le sac en arouman en faisant intervenir un artisan amérindien animateur à ses propres frais pour la transmissions du savoir faire ancestral que nous avons perdu.
En 2010 : elle monte un potager éducatif, et fait venir un ingénieur agricole qui enseignait aux élèves la mémoire des insecticides et engrais naturels que les gangans (les anciens) utilisaient.
Elle réalise ce projet de retour à culture culinaire créole guyanaise en y produisant ses propres légumes pour cuisiner le plat national, le Bouillon d'Awara (par opposition aux sandwichs, fast-foods etc..)
En septembre 2011, toujours pour la sauvegarde de nos traditions guyanaises, elle présente au président du Conseil Général le projet de mise en place d'un ferme-école et obtient son accord de principe pour l'attribution de 100 hectares sur la commune d'Apatou située dans la basse vallée du fleuve Maroni
"Sa ki konnèt mo savé, mo pa gen anyen ka prouvé".
"Tous ceux qui doivent me connaître, savent".
"Alors, vous savez ; Autant j'étais prête à me sacrifier pour la Guyane, autant aujourd'hui je me sacrifierai pour mes droits dans ce pays qui s'appelle la France".