Colloque International Saint-John Perse, Aimé Césaire, Edouard Glissant
_REGARDS CROISÉS_
Organisé par l'Institut du Tout-Monde du 19 au 21 septembre 2012 à l'UNESCO, à la Bibliothèque nationale de France et à la Maison de l'Amérique Latine
Sous le haut patronage de François Hollande Président de la République Française
Avec le Soutien de Victorin Lurel, Ministre des
"Outre-Mer".
Ami lecteur, présent à cet événement qui avait pour objet une approche comparatiste des œuvres de ces trois figures tutélaires de la littérature du XXème et XXIème siècle pour le journal Rot-Kozé, j'ai pu toutefois, _en quête des sujets d'émancipations et de libération qui nous préoccupent en Guyane_ y trouver l'expression d'une analyse de la colonialité du pouvoir et de l'efficacité d'une poétique en rapport avec l'engagement auprès des peuples dominés, à travers notamment l'intervention de Buata Malela de l'Université de Silésie, Pologne.
En effet, Michael. J. Dash Directeur de l'Africana Studies Program de l'Université de New-York (NYU) rappelait que la poésie ne se coupant pas du monde, s'appuie sur le concret, le réel et le territoire. Elle opère sa conquête ou plutôt sa reconquête, faisant émerger la haute conscience d'une entité collective qui était enfouie, et ravivant son courage à la conquête de soi-même qui avait disparu. Elle bâtit un moule analogique au réel, la poésie fixant dans la langue l'épaisseur du monde et la densité de l'Autre, elle a pour faculté de transformer un lieu de souffrance en lieu de promesses.
M. Dash rappela de même que _dixit Edouard Glissant_ s'il n'y a pas de poésie politique en soi, il n'y pas de grande poésie qui ne soit pas politique.
Olivier Liron, Hispaniste de l'Université de Paris III, présentant la décolonisation poétique chez Jorge Zalaméa le poète colombien : "Le songe des grands escaliers" (1960), observe que sa poésie révolutionnaire extra-occidentale a pour vertu d'émanciper les opprimés et de transmuer la violence de la société qui se libère en joie de l'affirmation, produisant de l'Art et faisant aussi du poète un guide spirituel, un chaman au sens le plus salutaire pour la communauté.
Enfin, M. Dash rappelait que la poésie triomphante qui avait guidée le mouvement de la Harlem Renaissance et de la Négritude fût abandonnée, à partir du Congrès des écrivains noirs de 1956 à Paris, au profit d'une prolifération de romans et autres formes de positionnements littéraires critiques, revendicatifs sur des bases généalogiques, territoriales, nationalistes etc... Ou de l'affirmation de l'Homme neuf cher à Frantz Fanon. M. Dash, compte tenu de l'avalanche de ces expressions d'après 1956, observe qu'au lieu d'avoir fourni des solutions à nos problématiques elles se sont révélées être des échecs et que nous sommes aujourd'hui témoins d'un retour à la Poésie initiale, génésique, celle qui fait _ comme l'a présenté Christian Uwe de l'Université Lumière-Lyon II à partir d'un extrait du roman d'E. Glissant Ormerod : _ qu'un combattant qui contribue à libérer son pays est un poète qui élargit l'imaginaire des humanités (...) de même le poète qui chante les profonds de sa terre est un combattant qui ajoute à la liberté de tous, c'est à dire à la Relation.