Saint-Denis de la Réunion : Depuis les Émeutes dans le quartier du Chaudron, du 21 au 25 février dernier, les familles des jeunes Réunionnais emprisonnés protestent à Saint Pierre et les citoyens conscients du fait colonial résistent par des actions contre la vie chère...
Nous sommes sur la fréquence de la radio des sans voix ,"Fréquence Paris Plurielle", hier, jeudi 22 mars 2012 dans la cadre de l'Émission "l'Actu des luttes" en compagnie d'Eva, membre du JERF (Jeunes Émmigrés Réunionnais en France) et nous acceuillons Julie arrivée de Saint Denis de la Réunion 48 heures plus tôt : "Le quartier du Chaudron ancien site d'Habitation esclavagiste bouillonne encore du fait colonial contemporain. Peu après l'abolition de l'esclavage de décembre 1848, les Réunionnais désormais "libres" tirent de leur petit lopin de terre quelques "ravages" (Magnoc, fruits à pains etc...) jusqu'aux années 1960 où ils seront expropriés et "parqués" dans les ensembles HLM". D'une révolte anti-esclavagiste ayant conduit à l'abolition au XIXème siécle, aux premières émeutes créoles du Chaudron de 1973 succèderont celles de 1991, puis celles anticolonialistes contre la vie chère de 2012 , cette cuvette (dépression du terrain) où les Réunionnais en voie de dénument absolu croupissent de ressentiments on ne peut plus justifiés, explose de nouveau et son onde choque les citoyens solidaires de l'île de la Réunion en son sein et en France ; 233 interpellations et pas que des jeunes, 10 comparutions immédiates ayant conduit à des peines de prison fermes de 6 mois à deux ans. Les familles des jeunes gens emprisonnés s'organisent et protestent contre une justice expéditive en organisant des pique-niques de 400 personnes environ (censurés par les Médias notament par Radio Freedom) avec des banderolles "Libèr not Marmay" (Libérez nos enfants !) devant la Maison d'Arrêt de Cayenne dans la commune de Saint Pierre où sont incarcérés leurs enfants. Le seul journal local ayant signalé le fait tenu pour ridicule et dérisoire titrait : "Les Indignés font escale à la prison de Cayenne...". "Nous ne sommes pas des Indignés", reprend Julie, "les mouvements de contestations se mulitiplient, s'organisent spontanément, refusent les récupérations politiques (Parti Communiste Réunionnais-PCR) ou d'association ou syndicale ou de Comités (COSPAR), des actions de prises de paroles dans les ronds-points sont organisées pour boycotter certains magasins de grande distribution, ou alors nous remplissons des caddys avec une bonne vingtaine de tablettes de chocolat Poulain 1848 sur la dernière couche d'articles de consomation avec du champagne de la marque "Code Noir" si nous l'avions trouvé et des boites de "Makro" (maquereaux signifiant mouchard, rapporteur), puis nous les abandonnons dans les rayons du supermarché après avoir demandé 40% de réduction pour vie chère, à St Pierre nous sommes régulièrement visibles sur le front de mer avec nos banderolles "On est là" avec notre musique Maloya, nous ne voulons pas de leader, d'encadrement, de contôle, le Réunionnais vient et parle, il n'a plus peur, il n'est plus intimidé et il ne suffira pas de nous arrêter, les gens arrivent à s'organiser localement, c'est un bon signe pour la démocratie, c'est une autre façon de lutter, une rupture est consommée, ce ne sont pas les Indignés, nous assistons à l'émergence de phénomènes de groupes auto-organisés soutenus par la population, le PCR a récupéré toutes les luttes identitaires et bloque l'aspiration à une liberté politique, le "Maloya" (dance et musique de résistance des esclaves) était interdit jusqu'en 1981 le PCR l'a réhabilité jusqu'à l'UNESCO mais nous entrave politiquement." tonne encore Julie dans le studio de FPP. Plusieurs avocats du bareau de St Denis se sont constitués en Collectif pour réviser les peines qui ont frappé aveuglément la jeunesse réunionnaise. Une partie de la population ayant réclamé des peines exemplaires contre les émeutiers...Et puis reprend Julie : "ce problème des "zoreys" (métropolitains "expatriés"), qui sont arrivés le plus souvent fonctionnaires d'État avec emploi réservé et prime de 40% de vie chère, logement de fonction, concentrés dans des quartiers sans quasiment plus un réunionnais comme à "Boucan-Canot" où il y a longtemps que l'on ne trouve plus un seul artisan pêcheur, ou encore à" Saint Pierre" et à "Manapany". Enfin le terme Métropole est un terme colonial entré dans toutes les bouches sans être comprit car n'oublions pas que les colonies ont été crées par et pour les besoins de la "Métropole" !. Termine Julie.