Solidarité au peuple argentin !
Camarades et amis de l’Argentine,
Nous nous adressons aujourd’hui à vous pour exprimer notre sentiment d’immense bonheur et d’honneur de compter aujourd'hui parmi vous _grâce à l'invitation de la Secretaria de Cultura de la Presidencia de la Nacion à travers le Ministre M. Jorge Coscia et la Directrice Nationale d'Action Fédérale Mme Maria Elena Troncoso_ et de pouvoir vous dire maintenant que désormais le socle de notre grande amitié est édifié.
En notre qualité de peuple sudaméricain, nous souhaitons rendre hommage à la mémoire d'un des notres qui nous a quitté il y a peu : Le Comandante Hugo Chavez. Nous tenons aussi à féliciter M. le Président Maduro pour sa récente élection.
Ainsi nous souhaitons avant tout vous présenter la genèse de notre parti. En 1990 plusieurs organisations sociales et syndicales ont crée le journal « ROT KOZE » d'inspiration ouvrière. Ce journal a fédéré des camarades autour d’une réflexion d’où naquit, un an après, notre parti le Mouvement de Décolonisation et d’Emancipation Sociale (MDES).
Le MDES fût ainsi créé en 1991, d'où les luttes sociales et politiques face à notre oppresseur, nous le dirons directement, la France ; nous participons activement à la vie quotidienne de notre pays. A cet effet nous avons exprimé dans notre manifeste (ci-joint), les revendications et nos inspirations pour la Guyane. Nous organisons notre peuple dans toutes les luttes sociales et politiques (le foncier, l'éducation, la culture, la santé, etc.) celles-ci nous ont valus d’ailleurs des arrestations, déportations, assassinats, et la répression est notre quotidien.
Notre parti peut compter sur le Président du Conseil Général chef de l'éxécutif local en exercice M. Alain Tien-Liong, proche de nos idées, et détient quatre élus au sein des deux assemblées majeures du territoire.
La France qui occupe notre pays depuis 400 ans organise : les divisions, la déstabilisation des peuples de notre pays par toutes sortes de stratagèmes tels que : legénocide (par la substitution de la population noire), les expropriations, une main mise sur notre foncier, la spoliation du patrimoine et de notre pharmacopée, le racket sur la faune, la flore, les ressources minérales, les richesses maritimes et minières etc...A cet effet chers camarades et amis de la Guyane, permettez moi de vous retracer par la lecture de ces quelques lignes, quelques événements de l’histoire notre pays.
HISTOIRE :
Occupée jusqu’au 15ème siècle, principalement par les populations amérindiennes, la Guyane fût le théâtre de multiples affrontements entre colons Anglais, Portugais, Espagnols et Hollandais pour le contrôle de ce territoire. Il faut rappeler que les européens étaient encouragés à l’appropriation d’autres territoires en application de la bulle romanux pontifix de 1455 qui donna naissance au concept de TERRA NULLUS selon lequel toute terre non chrétienne découverte par un chrétien devenait sa propriété.
La population originelle étant en grande partie décimée, c’est vers l’Afrique que les européens se retournèrent et commirent le plus grand génocide de l’humanité : la traite négrière transatlantique. En 1848 la lutte de nos ancêtres poussaient les français à la capitulation qu’ils appellent abolition de l'esclavage. Il faut savoir que 98% du territoire de la Guyane appartient à l’état français, fait qui résulte de l’ordonnance royale prise de manière arbitraire et unilatérale, de 1825, confirmée par décret du 15 novembre 1898 faisant de ce territoire la propriété de l’état français. En 1946, la France assimilait la Guyane ainsi que la Martinique, Guadeloupe et la Réunion dans son patrimoine permanent ; artifice administratif pour ne pas octroyer leur souveraineté à ces territoires.
Depuis maintenant 66 ans, ces pays sont administrés à distance par la France et présentent tous les aspects de territoires colonisés et cela en violation des résolutions 1514 de l’ONU sur la décolonisation.
GEOGRAPHIE :
La Guyane est située au nord du continent sud-américain, d’une superficie d’environ 90.000 km2, bordée à l’est et au sud par le Brésil, à l’ouest par le Surinam et au nord par l’océan atlantique. Sa population est d’environ 300.000 habitants et fait parti du bouclier des Guyanes au même titre que le Surinam, le Guyana, une partie de la Colombie, du Brésil et du Venezuela.
Le territoire occupe une position géostratégique de premier plan, d’où le choix d’y installer la base militaro-industrielle et spatiale européenne et les lanceurs Ariane, Soyouz et Véga. C’est également cette position qui permet à la France le rayonnement de sa culture, de ses mensonges et de sa propagande, via Radio France Internationale (RFI) installée sur notre territoire. Il ne faut pas oublier le réseau d’écoute ECHELON, permettant d’espionner l’Amérique du sud qui est aussi basé en Guyane.
Longtemps à l’abandon, il n’y a que depuis une cinquantaine d’années que la France tente de tirer profit de la Guyane, au cours des années 30, notre illustre écrivain et surtout poète, Léon Gontran Damas avait mis la France en demeure de développer le pays ou de le quitter. Aujourd’hui, le choix est tout autre : « DEGAGEZ ! ».
UNE POLITIQUE DE TERREUR
Dans les années 60, pratiquement toutes les colonies de l’empire français accèdent à l’indépendance de manière plus ou moins pacifique, à l’exception de la Guinée et principalement de l’Algérie. Dès lors, la France réorientait sa politique spatiale qu’elle transférait en Guyane avec son cortège de problèmes.
Pour assurer le bon fonctionnement de cette nouvelle politique et fort de son expérience acquise en Afrique du nord, la France commence par sécuriser et stabiliser les lieux par l’établissement de légionnaires sur place. C’est dans ce contexte que face à l’opposition des Guyanais, au nom de la France furent massacrés des centaines de personnes le 14 juin 1962, à Cayenne. Une semaine plus tard, c’est l’avion du député autonomiste de la Guyane Justin Catayée, revenant de l’assemblée nationale française qui s’écrasait en Guadeloupe.
Ainsi était décapité tout mouvement souverainiste tant aux Antilles qu’en Guyane, à cela il faut ajouter les dégâts de l’ordonnance de 1960 qui permettait la mutation en France de tout colonisé, fonctionnaire et opposé à la colonisation. Pour parfaire la situation et annihiler toute velléité d’indépendance, la jeunesse était fortement invitée pour ne pas dire obligée, via le BUMIDOM à partir en France pour occuper des emplois subalternes, sous payés, subissant discrimination et racisme.
Les portes de notre pays étaient de ce fait ouvertes aux Français revanchards, nostalgiques de l’Afrique du nord, au harkis, aux aventuriers en mal d’exotisme et d’aventure, aux barbouzes, aux pédophiles et autres escrocs, qui occupaient tous les postes importants, avec la bénédiction de la mère patrie : véritable stratégie de génocide par substitution élaborée aux détriments des colonisés qui ne comprirent que trop tard les intérêts de « l’amère patrie».
Par la suite, c’est à coup d’emprisonnements politiques, comme en 1974, 1980 et 1996, d’assassinats des camarades BAD et KAPEL etc… de licenciements politiques _Jean-VictorCASTOR (aujourd'hui le secrétaire Général de notre organisation)_ que l’état colonial continue de terroriser celui qui ose, se redresse, reste debout, disposant pour ce faire de son armée, sa police, et de sa justice.
POPULATION
Composée des premiers habitants, les amérindiens, les créoles issus du métissage divers et de bushi-nengués venus du Surinam. Pendant longtemps, la Guyane fut utilisée comme terre de bagne pour colons indésirables en France mais aussi pour les prisonniers politiques d’autres pays colonisés tels Madagascar, l'Algérie, le Maroc, l'Indo-chine etc…Avec la découverte de l’or, en 1855, des personnes affluèrent du Brésil, mais également de la Caraïbe et de l’ensemble des pays sudaméricains.
Dès les années 70, fuyant le régime de Duvalier les ressortissants haïtiens arrivèrent en masse en Guyane.1976 marque l'arrivée de Hmongs réfugiés des hauts plateaux du viet-nam, laos et camboge. Il est bon de remarquer que ces apports de populations loin de renforcer la Guyane, la fragilise encore plus car il est bien évident que certaines de ces populations nous ont été imposées dans le but inavoué de nous affaiblir selon le bon principe du DIVISER POUR REGNER .A qui donc profite la division…?
Ces populations, assujetties à la France croient lui devoir une reconnaissance éternelle et constituent une véritable réserve de voies lors des élections, ce n’est pas le fait du hasard si à la veille de chaque année électorale, les naturalisations sont octroyés à tout vent. L’ironie de l’histoire, est que malgré cela, les intéressés arborent leur drapeau et commémorent la fête nationale de leur pays d’origine en présence même des autorités françaises.
ECONOMIE
Ce secteur est atrophié voire inexistant ; selon le principe de Colbert (Ministre de la Mer du Roi Louis XIV) : "Pas un clou ne doit sortir des colonies". Seul le secteur du spatial est florissant. Le pays est enclavé, seules les communes du littoral sont reliées entre elles Les villes de l’intérieur ne sont accessibles qu’en avion quand elles ne sont pas interdites d’accès cars il existe des zones réglementées et tout le sud du pays est mis sous cloche dans ce qu’ils appellent le Parc Amazonien, véritable no mans-land où seuls les européens peuvent en toute quiétude piller la biodiversité amazonienne. Les richesses du sous-sol, halieutiques et la forêt, sont autant de secteurs qui sont exploités sans aucune retombées pour le pays. Le pétrole guyanais connaitra le même même sort.
Ce rapide portrait de notre territoire peut paraître exagéré mais malheureusement, il est très réel alors que nous avons d’énormes potentiels dus à notre situation géographique mais qui dans le même temps est un atout exclusif pour l’Europe en tant que base de lancement, mais également tête de pont pour contrôler l’Amérique du sud, tout comme la présence britannique aux iles Malouines permet le contrôle, par l’Europe de toute la façade atlantique-sud du continent et de l'antartique. La France ferme des bases militaires et des casernes sur son territoire mais renforce de manière considérable ses effectifs en Guyane dans quel but ? (en décembre 2012 les forces de l'armée française "rapatrient" 7000 soldats d'Afghanistan avec la Guyane pour destination via un repos (de "décompression") de quelques semaines sur l'ile de Chypre. Même destination pour les soldats de retour de la guerre impérialiste au Mali en afrique de l'Ouest.
La présence française et Anglaise sur leurs territoires (coloniaux) respectifs sud américains fait de nous les maillons faibles de tout le continent et dès lors nous expose aux menaces constantes et permanentes des Européens qui n’hésiterons pas à utiliser ces positions pour déstabiliser tel ou tel régime n’étant pas à leurs convenances, comme cela a été le cas au Surinam, au Venezuela, ou au Paraguay, ou pour mener quelque opération comme celle menée en terre Brésilienne lors d’une tentative de libération d’Ingrid BETTENCOURT.
Il est évident que l’Amérique du sud ne sera forte que si tout son territoire est libéré comme le souhaitait le Libertador Simon BOLIVAR. La lutte du peuple de Guyane rejoint celle du peuple Argentin pour fortifier cette grande famille sud américaine : "La Patria Grande !"
Ce combat est juste et nous sommes certains que nous serons épaulés par tous ceux qui comme le CHE, considèrent comme frère celui qui se bat pour la justice, jusqu'à la victoire.
Le 17 mai dernier, l'ONU a adopté la résolution sur la décolonisation de la Polynésie "française" grâce à l'action ferme et résolue de trois états insulaires du pacifique-sud, amis du peuple polynésien. Voici l'exemple le plus concret et le plus encourageant des bienfaits de la solidarité politique entre pays acquis à la cause de l'éradication du colonialisme contemporain. Nous souhaitons ardemment que la Guyane intègre la liste de l'ONU des territoires non-autonomes à décoloniser à l'occasion de sa prochaine mise à jour par le Comité Spécial de décolonisation (appelé le Comité des 24) en may 2014.
Enfin chers camarades et amis de la Guyane, nous avons tant de chosesà nous dire ! Mais nous nous en arrêtons là aujourd’hui.
Pour conclure je me permets de citer le poète et écrivain caribéen Edouard Glissant qui disait :
"Là où les pays opprimés et qui se battent, ont le générosité de s'ouvrir à l'Autre, l'espoir de tous se maintien".
Confiants et assurés que cette date n’est que le début d’une grande Histoire d'amitié entre nos pays.
Nous vous remercions de votre attention.
Resistencia, Chaco le 30 mai 2013.