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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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Billet de blog 30 septembre 2012

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MÉMOIRES DE L'EAU. "Les songes de nos vivants prennent à l'eau, la source et le sel ! À la terre, le sang et la force ! Au vent, nos sacrifices livrés en confiance. Assez de ces supplices ! Les poèmes ne sont pas fait pour les chiens ! Ils portent nos libertés souveraines ! lls sont le parfum de nos royaumes ! Sois vaillant à la tâche attaquante que nous te confions ! Les dominations nous mitraillent encore mais tu répondras à ce juste tourment du devoir ou détourne toi à jamais de notre appel ! En toutes directions que tu choisisses tu nous reviendras et nos comptes te seront remis ! Pour notre générosité, tiens en partage le calme des eaux !". (Extrait "d'IRACOUBO. L'Épicentre des Eaux", 2014). " MAIS ALORS, LA GUYANE ? Une infinité que nous imaginons gorgée d'eaux et de bois. Les Guyanais demandent que les Martiniquais et les Guadeloupéens les laissent en paix. Nous avons pas mal colonisé de ce côté. C'est pourtant comme une attache secrète que nous avons avec le Continent. Une attache poétique, d'autant plus chère que nous y renonçons. D'autant plus forte que fort sera le poids des Guyanais dans leur pays. Des chants comme des rapides à remonter, des poèmes comme autant de bois sans fond." ÉDOUARD GLISSANT in LE DISCOURS ANTILLAIS (P 775).

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POESIE : "SYMPHONIE COSMIQUE" (1985)

  SYMPHONIE COSMIQUE - Ils ont pincé un coin de l'astre, Le plus timide des échevelés du soir, - Celui qui s'avançait de la plus haute nonchalance dans les ramures phosphorées. - Ces tignasses vagabondes, qui inspirent à la terre un certain désir d'apesanteur, - Ces échappées de la sublime voie, amorcent une courbe où la luminescence diverge en traces baveuses de luciférine, - Ballet de fugitives ouvrant le torse arqué d'une nuit courtisée, - L'estafilade suinte son écume d'or jusqu'au lever du jour. - Et cette vieille, éternelle sphère cendrée, étarquée dans les charpentes du ciel par les couleurs crispées d'une voûte nocturne, - Cette provocatrice des vertus de la mer qui s'effarouche en déchirant ses lames aux ongles des coraux, - Elle abandonne à sa déprime un de ses plis désabusé qui déferlant sur le ventre laineux d'un rivage détendu, Laisse courir un sifflement de lassitude entre les rocs téméraires livrés aux gifles éplorées. * *         * - Deux larges boucles au goût de souffre, ont par leur poids, plié les palmes de ce tronc, - Fixées aux lobes paresseux des feuilles prosternées, - Elles offrent le cœur de leur attendrissante circonférence aux papilles de l'air, qui succombe à l'idée d'une effervescence probablement agréable. - Deux larges boucles se pâment, Penchées sur le charme singulièrement articulé d'une racine camouflée par les gencives brunes de la terre. - Douze phalanges indolentes, Enfouies au sein protecteur de la pénombre confortable, Désignent quelque fois la goutte d'eau qui leur convient. * *        * - Et le vent occupé à d'autres sacrifices exige de ses veines blanches la trêve de leurs bavardages. - Un peu plus bas ; dans la nausée tumultueuse d'un littoral inquiet, hurlent coquilles et carapaces lézardées. - Les aubes retranchées de la genèse, Empoignent leur haleine et vont draper les noueux centenaires. - Ceux-la même qui par le poids de leur altesse ont ébranlé la terre. - Les sagaies du soleil dérapent sur les mousses cavalières. - La rosée diluvienne reste fidèle à son diurne remords. * *       * - Un papillon traîne sa barbe allant quérir quelques silex au creux de l'antre des abeilles. - Des colonies de crabes à plastrons violet reviennent cliquetant du plus profond discours que les algues ont tenu.

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SYMPHONIE COSMIQUE

- Ils ont pincé un coin de l'astre,

Le plus timide des échevelés du soir,

- Celui qui s'avançait de la plus haute nonchalance dans les ramures phosphorées.

- Ces tignasses vagabondes, qui inspirent à la terre un certain désir d'apesanteur,

- Ces échappées de la sublime voie, amorcent une courbe où la luminescence diverge en traces baveuses de luciférine,

- Ballet de fugitives ouvrant le torse arqué d'une nuit courtisée,

- L'estafilade suinte son écume d'or jusqu'au lever du jour.

- Et cette vieille, éternelle sphère cendrée, étarquée dans les charpentes du ciel par les couleurs crispées d'une voûte nocturne,

- Cette provocatrice des vertus de la mer qui s'effarouche en déchirant ses lames aux ongles des coraux,

- Elle abandonne à sa déprime un de ses plis désabusé qui déferlant sur le ventre laineux d'un rivage détendu,

Laisse courir un sifflement de lassitude entre les rocs téméraires livrés aux gifles éplorées.

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- Deux larges boucles au goût de souffre, ont par leur poids, plié les palmes de ce tronc,

- Fixées aux lobes paresseux des feuilles prosternées,

- Elles offrent le cœur de leur attendrissante circonférence aux papilles de l'air,

qui succombe à l'idée d'une effervescence probablement agréable.

- Deux larges boucles se pâment,

Penchées sur le charme singulièrement articulé d'une racine camouflée par les gencives brunes de la terre.

- Douze phalanges indolentes,

Enfouies au sein protecteur de la pénombre confortable,

Désignent quelque fois la goutte d'eau qui leur convient.

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- Et le vent occupé à d'autres sacrifices exige de ses veines blanches la trêve de leurs bavardages.

- Un peu plus bas ; dans la nausée tumultueuse d'un littoral inquiet, hurlent coquilles et carapaces lézardées.

- Les aubes retranchées de la genèse,

Empoignent leur haleine et vont draper les noueux centenaires.

- Ceux-la même qui par le poids de leur altesse ont ébranlé la terre.

- Les sagaies du soleil dérapent sur les mousses cavalières.

- La rosée diluvienne reste fidèle à son diurne remords.

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- Un papillon traîne sa barbe allant quérir quelques silex au creux de l'antre des abeilles.

- Des colonies de crabes à plastrons violet reviennent cliquetant du plus profond discours que les algues ont tenu.

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