Le 21 janvier une nouvelle fois sur le sol guyanais pour inaugurer l'aéroport de Cayenne-Félix Éboué, le Président en lice pour sa réélection poussait les derniers "Empire survivors" à prendre davantage de responsabilités et versait dans une profession de foi anti-indépendantiste pour enfin porter à son Panthéon... Jean-Marie Tjibaou !
Le 21 janvier, en voyage concurrentiel, le Président de la République en déliquescence touchait une nouvelle fois le sol guyanais en période de Grand Carnaval ou saison des Touloulous pour rassurer ses troupes en poussières et évoquer dès les premières minutes de son allocution à l’occasion de l’inauguration de l’aéroport de Cayenne-Félix Éboué la nécessité de : « (…) marquer à intervalle régulier l’attachement de la France(…) » [à ses territoires en y garantissant] « (…) un espace de liberté suffisant à l’épanouissement de vos identités (…)». Encourageant les Français d’Outre-mer à devenir enfin les acteurs de leur propre développement, citant Aimé Césaire dans sa lettre à Maurice Thorez en 1956 : «(…) Nous ne pouvons désormais accepter que qui que ce soit se porte fort de nous (…)», Nicolas Sarkozy se montrait favorable à l’idée de : « (…) donner davantage de responsabilités (…) ». Cette incitation du Président à l’autonomie encadrée dans la République française prenait sa source dans la revendication initiale et continue du vivant des Députés Justin Catayée (Guyane) et Aimé Césaire (Martinique). Se livrant ensuite à une profession de foi anti-indépendantiste : « (…) j’appartiens à une famille politique qui n’a jamais considéré qu’il fallait accompagner les Outre-mer vers l’indépendance», « je n’ai dans ma vie politique jamais été l’allié d’aucun parti indépendantiste, jamais et je ne le serai jamais (…)» M Sarkozy se mît à perdre les pédales en tentant de démontrer les deux façons qu’il y aurait d’être indépendantiste : « (…) Il y a ceux qui le disent et il y a ceux qui ne le disent pas et qui travaillent avec eux, ce qui revient au même (…)». Nous observions alors l’incapacité d’un Chef d’État et de son gouvernement à appréhender la notion même d’émancipation politique ne serait-ce que dans son sens théorique sauf à honorer des personnalités anticolonialistes historiques telles que : « (…), Aimé Césaire, L. G Damas, Frantz Fanon, Édouard Glissant(…) », « (…) Et même Jean-Marie Tjibaou ! (…) » dont nous connaissions les convictions indépendantistes qu’il incarne aujourd’hui encore pour les pays sous autorité française, le tout sur des accents lyriques en fin d’allocution.
Que sait-on de ces hommes au Panthéon gêneurs et pollueurs de la colonisation ? : Ils creusent le tombeau du colonialisme ! Reste la question de l’utilité politique morbide qui est faite de ces Grands Hommes cités au Panthéon de M Sarkozy qui, ne nous y trompons pas, ne reconnaît la forme Noble de la contestation que post-mortem. Autrement dit un bon indépendantiste est un indépendantiste mort ! Mais les indépendantistes ne sont pas des pestiférés d’une fosse commune, ils trouvent un écho auprès des leurs par cette marque de maturité politique dans un pays, ici la Guyane, fécond de richesses incalculables pour éradiquer la misère. M. le Président de la République sonnez le clairon avant la charge des Touloulous, ils auront leur liberté, leur patrimoine, leur terre, leur destin !
© Raymond Charlotte & Pierre Carpentier