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Billet de blog 1 mars 2017

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Capitaine Fillon

François Fillon, convoqué par les juges le 15 mars prochain, sait qu’il sera mis en examen à cette date-là.

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Plus que jamais arc-bouté dans sa stratégie de résistance jusqu’au-boutiste face à ce qu’il dénonce comme un complot médiatique et judiciaire, François Fillon, qui s’était présenté aux primaires à droite comme le candidat de la probité contre les autres jugés moins exemplaires que lui à la lumière de l’éthique politique dont il se réclamait, François Fillon persiste dans son attitude de déni et en appelle au peuple de France qu’il prend à témoin, à sa famille politique qu’il prend en otage et à tous ceux qu’il prend pour des imbéciles en parlant d’assassinat politique pour lui comme pour l’élection présidentielle. Si l’on en croit François Fillon, qui a déclaré qu’il ne se déroberait pas à la convocation des juges, parce qu’il respecte la Justice malgré les doutes qu’il a sur l’impartialité de l’institution judiciaire, à travers lui, qu’on essaie d’abattre, on chercherait à enterrer son courageux projet pour le redressement de la France et avec lui l’alternance politique salvatrice en tentant de perpétuer le hollandisme à travers la candidature d’Emmanuel Macron rejoint par le fourbe Bayrou, le traître, l’infâme Gascon coupable de parjure en préférant l’héritier de l’hérésie socialiste au redressement prôné avec force par lui, François Fillon, le seul et unique sauveur de la France. Au milieu d’une pareille tempête politique à droite où l’aveuglement le dispute à la déraison, Bruno le Maire semble finalement avoir recouvré ses esprits en choisissant de démissionner  de l’équipe de campagne de François Fillon plutôt que de faire comme ceux qui continuent de faire bloc autour de leur capitaine de vaisseau suicidaire, vaille que vaille, en dépit du bon sens et en perdant de vue le sens même de l’engagement éthique et de l’honneur politique que ce dernier avait mis en exergue, un engagement et un honneur qu’il bafoue et foule désormais allègrement aux pieds en préférant ne pas tenir parole plutôt que de se retirer de la course à l’Élysée. Rarement on aura assisté à un pareil naufrage, à une telle trahison des valeurs républicaines, à une telle indignité de la fonction politique en voyant un homme se cramponner coûte que coûte au misérable radeau de son ambition politique livré à la merci des lames océanes qui ont taillé en pièces le fier vaisseau des Républicains où il plastronnait il y a peu, la main sur la barre et l’œil rivé au lointain vers lequel il cinglait, toutes voiles dehors, convaincu de la grandeur de son destin en donnant des ordres à son équipage sur un ton dont la componction forçait le respect et l’admiration autour de lui. Mais le capitaine de vaisseau avait gravement sous-estimé la force d’un grain qu’il pensait traverser sans dommage, hélas, un petit grain de rien du tout vu depuis le pont du vaisseau, le grain de sable qui allait mettre à mal toute sa science de la navigation en haute mer, saper son autorité morale et mettre à l’eau ses ambitions d’exploration. Qui l’eût cru ? Ah, le retour à Ithaque n’est pas pour de sitôt, il est même reporté sine die car le marin Fillon n’en a pas fini d’errer en mer accroché à son radeau comme une moule à son rocher. Et Pénélope la Galloise a l’éternité devant elle pour finir sa broderie en attendant le retour du glorieux navigateur qu’on avait cru lisse au départ, mais qui en réalité présente un profil au grain si rugueux qu’il décape mieux qu’une feuille de papier de verre à gros grain. Oui, l’Odyssée du capitaine Fillon n’aura pas même commencé qu’elle se noie déjà au fond des W.C. de la République, emportée par la chasse d’eau.

Une dernière chose : Pénélope. Le prénom interroge quand on sait que les philologues classiques considéraient que le nom venait de πηνέλοψ / pênélops, qui désigne une espèce de canard ou d’oie sauvage. La piste étymologique, évidemment, conduit au Canard, ce maudit volatile aux plumes si habiles, ce gibier de potence source de tous les maux du Capitaine Fillon. 

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