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Billet de blog 3 avril 2013

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Au pays des tartuffes

Hier, le ministre du budget a enfin admis l’évidence au bout de quatre mois de dénégations, une évidence que Mediapart avait révélée depuis décembre 2012 mais que « le système » tout entier refusait d’entendre, à savoir que Jérôme Cahuzac, chargé entre autres de lutter contre la fraude fiscale, avait lui-même fraudé et floué l’administration dont il était le chef. Le silence qui avait alors accueilli l’évidence révélée par Mediapart avait été assourdissant.

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Hier, le ministre du budget a enfin admis l’évidence au bout de quatre mois de dénégations, une évidence que Mediapart avait révélée depuis décembre 2012 mais que « le système » tout entier refusait d’entendre, à savoir que Jérôme Cahuzac, chargé entre autres de lutter contre la fraude fiscale, avait lui-même fraudé et floué l’administration dont il était le chef. Le silence qui avait alors accueilli l’évidence révélée par Mediapart avait été assourdissant. Comme si Mediapart s’employait à répandre des rumeurs, ou employait des « méthodes fascistes » tout court,  pour reprendre la formule de Xavier Bertrand sous la présidence de Sarkozy, une déclaration « facile » qui a valu à l’ancien ministre de comparaître devant la justice. Et pourtant, c’est ce même contre-pouvoir tenace qu’est Mediapart qui a sorti l’affaire de Bettencourt, affaire qui a valu une récente mise en examen àNicolas Sarkozy pour abus de faiblesse à l’égard de « la dame qui le valait bien », comme celle du Mediator, le médicament tueur des laboratoires Servier ou encore celle d’IKEA, dont plus personne ne parle. C’est encore ce Media pourfendeur du silence qui a sorti l’affaire de Ziad Takkiedine, obscur intermédiaire dans le détournement des rétrocommissions de Karachi pour alimenter la campagne d’Edouard Balladur en 1995, dontNicolas Sarkozy était le grand organisateur, un détournement qui vaudra la mort de onze Français employés des chantiers navals en 2002, une histoire que Sarkozy a taxé de « fable », sans parler de l’affaire du financement de la campagne deNicolas Sarkozy en 2007 par l’argent de feu le colonel Kadhafi.    

Maintenant, ces révélations claquent dans l’air comme un coup de fouet, « ca-hu-zac », ça claque, et tout le monde de pousser en chœur des cris d’orfraie ! Quelle est cette hypocrisie sans nom de ce pays qui s’appelle la France ? Ces révélations ne fracassent jamais que les représentants du peuple français, figés dans la glace d’une attitude compassée. Et la presse nationale de fustiger Jérôme Cahuzac pour avoir menti à la représentation nationale. Mais Éric Woerth, ancien ministre du Budget sous la mandature de Sarkozy, sous le coup de deux mises en examen, n’avait-t-il pas menti à tout le monde, lui aussi, dont on vantait la droiture ? Certes, mais la fourberie d’un serviteur de l’État de droite n’excuse pas la fourberie de son homologue de gauche. Mais cette presse nationale, qui fond tel le faucon justicier sur Cahuzac, pourquoi n’a-t-elle pas fait pas son travail comme l’a fait Mediapart, un travail d’investigation, quand c’était le moment, au lieu de rejoindre le concert des loups hurleurs ?

François Bayrou l’a même reconnu, heureusement qu’il y a dans le paysage de la France un organe d’information comme Mediapart, car il est à craindre sinon que tout finirait au placard : c’est donc cela, l'exception française, qui place la France à part, la franche hypocrisie de ses habitants, même quand l’évidence leur brûle les yeux ?  

Elle  est bien loin la Patrie des Droits de l’Homme, voici venue la Patrie des Tartuffes.  

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