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Billet de blog 4 mars 2017

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Napo-Fillon place du Trocadéro

Le dernier rassemblement place du Trocadéro ce dimanche à Paris sera-t-il le Waterloo de Napo-Fillon ?

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 Le chant du cygne d’une obstruction farouche au bon déroulement d’élections présidentielles par un candidat qui, après avoir fait valoir l’exemplarité morale en politique pour se distinguer des autres candidats de sa famille politique, s’est employé à la fouler aux pieds sans vergogne dès lors que cette stratégie vertueuse s’est retournée contre lui, parlant d’abord d’un « coup État institutionnel » dirigé contre lui puis d’une « République des juges », comme si, subitement, la République, l’État de droit, dont il se faisait passer pour le meilleur des serviteurs et qu’il proposait de diriger et de défendre dans l’intérêt des Français, comme si tout cela, par  un coup de  baguette maléfique, un sortilège « abracadabrantesque »  eût dit Chirac en d’autres temps, s’était inversé, que le blanc était devenu noir, le bien était devenu le mal, la Justice un pouvoir qu’il fallait combattre et les médias des imprécateurs de malheur dont il fallait se défier. Quel invraisemblable renversement de situation. Ces attaques menées par François Fillon, en digne félon républicain qu’il est devenu dans sa contre-offensive contre le soi-disant « système » dont il est le produit depuis plus de trente ans qu’il est dedans, conjuguées au refus de Marine le Pen de se rendre à la convocation des juges sous le prétexte d’une prétendue tradition républicaine qui voudrait qu’il y ait une trêve judiciaire en raison des élections, comme si le temps des élections suspendait l’action judiciaire, une convocation qui, comme pour Fillon, équivaut à une probable mise en examen, tout cela concourt à créer un climat détestable en France où l’on retrouve les mêmes ingrédients que dans l’Amérique de Trump. On pourrait croire que la France est un pays différent, que le peuple français est plus éclairé, que nous sommes à l’abri du pire, ne nous y fions pas : Fillon et le Pen sont la parfaite démonstration que le populisme est à nos portes, Fillon ne se privant pas de la possibilité de recourir aux pires éléments rétrogrades de la culture française, sous couvert de la tradition catholique française (cf. Sens commun), et le Pen, elle, malgré la dédiabolisation du FN en vigueur depuis des années pour présenter un visage plus acceptable,  peinant à dissimuler une inclination fascisante qui s’inscrit dans la nature profonde du FN, aux accents xénophobe et raciste.

Il est frappant de constater que le pire ennemi de la  démocratie vient toujours de son sein, que Fillon, naguère défenseur des valeurs républicaines, par un renversement inouï, en est devenu un farouche adversaire, de même  qu’il n’y a pire Europhobe que Marine le Pen, qui, néanmoins, siège au parlement de Strasbourg. Quel paradoxe, quand on y pense. Mais quelle meilleure stratégie aussi, du point de vue frontiste, que de miner le système depuis l’intérieur. C’est la stratégie de la guêpe ichneumon, qui pond ses œufs dans le corps de ses victimes vivantes et que les futures larves dévoreront de l’intérieur. Un mécanisme de reproduction qui serait la raison pour laquelle Darwin, fils de pasteur, aurait cessé de croire en l’existence d’un dieu bienveillant quand il en eut connaissance. Force est de constater que notre démocratie est en proie à des larves de guêpes ichneumon. Et les Républicains, s’ils ne veulent pas être dévorés vivants par l’ichneumon Fillon en leur sein, auraient avantage à faire valoir auprès du Conseil constitutionnel l’Empêchement en droit constitutionnel français afin de mettre hors circuit un candidat qui renâcle à se comporter comme un républicain digne de ce nom et qui se révèle être un renégat plus qu’autre chose. Cette mesure, prévue à l’article 7 de la constitution, et qui s’appuie sur la jurisprudence Bérégovoy-Balladur, qui fait qu’un ministre mis en examen, malgré la présomption d’innocence démissionne de sa fonction pour assurer sa défense, est l’unique levier qui permette de mettre un terme à une campagne qui s’apparente à une retraite de Russie si Napo-Fillon refuse de  rendre les armes au terme du rassemblement place du Trocadéro, Waterloo à la française, et qu’il persiste dans sa folle course au risque de créer une crise démocratique d’une gravité sans précédent en France et dont il est difficile de mesurer les conséquences. 

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