À ses dires, le reportage d’Envoyé Spécial diffusé jeudi 2 février 2017 serait un montage fait à partir d’un reportage en langue anglaise, montage à charge contre son épouse et qui, selon lui, aurait horrifié la journaliste britannique en raison de son côté biaisé. Seul problème, la journaliste britannique Kim Willsher à l’origine du reportage dément avoir dit cela. Voici ce qu’elle écrit le 5 février 2017 : « How false news spreads. This is completely crazy - a French MP and BFMTV are now reporting a twisted translation of one of my articles. » En français : « Comme on répand de fausses informations ! C’est dingue ! Un parlementaire français et BFMTV utilisent maintenant une traduction biaisée d’un de mes articles. »
S’il regrette les mauvaises pratiques s’agissant de l’emploi de ses proches en qualité d’attachés parlementaires et qu’il présente ses excuses aux Français, François Fillon persiste à dire qu’elles ne sont pas illégales en soi et qu’il ne voit pas pour quelles raisons il devrait rembourser les sommes perçues dès lors qu’il s’agit de rémunérer des travaux effectués. Pour répondre à une question que lui pose Ellen Salvi, journaliste de Mediapart, François Fillon lance la pique suivante : « Vous êtes de Mediapart, c’est ça ? Moi je n’ai jamais eu de redressement fiscal, je vous le dis au passage. Bah oui, il y a des choses qui parfois doivent être dites. »
C’est ce qu’on appelle de la désinformation caractérisée et une intention malveillante qui, de la part d’un responsable politique comme François Fillon, ne manquera pas d’induire en erreur un grand nombre d’auditeurs ignorants de la question du redressement fiscal illégitime dont a été victime MDP (auquel le fisc applique un taux de TVA 19,6 % au lieu du taux de 2,1 % prévu pour la presse), et qui penseront tout naturellement que si redressement il y a eu, c’est sans doute parce que le site d’information a essayé de tromper le fisc.
Décodex, http://www.lemonde.fr/verification/, le nouvel outil de vérification de l’information mis en place par le journal Le Monde en collaboration avec Facebook et Google, qui permet d’évaluer la fiabilité des sites internet qui diffusent des informations (depuis la vague des fake news qui ont inondé la campagne électorale américaine), devrait s’appliquer au cas Fillon pour évaluer la fiabilité de ses propos. Nul doute que pour Fillon, décodex oscillerait entre la couleur orange et rouge. Traduction : entre une information biaisée plus ou moins erronée et une information fausse cherchant délibérément à induire en erreur. Mais François Fillon n’en a cure, puisqu’il tient la droite. C’est soit avec moi laisse-t-il entendre aux Républicains, soit la bérézina. Il n’y a pas de plan B, que le plan F pour Fillon. Quel filon !