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Billet de blog 8 décembre 2015

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Aux portes du pouvoir

Le français se mord la langue avec ses faux contraires : ainsi, imposture n’est pas le contraire de posture, ni impertinent le contraire de pertinent. Le Front national est à cette image en déclarant qu’il fera le contraire des autres partis (notamment ce qu’il nomme « l’UMPS »), mais cette posture est une imposture car le programme qu’il met en avant est impossible à mettre en oeuvre .

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Le français se mord la langue avec ses faux contraires : ainsi, imposture n’est pas le contraire de posture, ni impertinent le contraire de pertinent. Le Front national est à cette image en déclarant qu’il fera le contraire des autres partis (notamment ce qu’il nomme « l’UMPS »), mais cette posture est une imposture car le programme qu’il met en avant est impossible à mettre en oeuvre (sortie de l’Union européenne, retour au franc, immigration zéro, préférence nationale), sauf à mettre la France au ban de l’Europe en lui faisant renier ses valeurs fondamentales et à provoquer une catastrophe économique. Les électeurs qui votent pour le Front national pour signifier leur ras-le-bol de la politique, ce qu’on appelle un vote contestataire,  n’est pas pertinent pour la simple raison que le Front national ne propose aucune réelle solution aux problème sociaux économiques de notre pays, c’est d’autant moins pertinent que voter Front national, loin de construire ou de reconstruire, participe au contraire à détruire en sapant les fondations de la République, quoi qu’en dise Nicolas Sarkozy, lequel a déclaré hier à Rochefort, en Charente-Maritime, que voter FN n’était pas immoral pas plus que c’était anti-républicain.  Bien sûr que si, que voter pour le Front national est une infamie en soi car c’est porter atteinte aux principes fondamentaux de la Patrie des droits de l’Homme. Mais Nicolas Sarkozy, en opportuniste aveugle, fait feu de tout bois, quitte à brûler la Maison France en affirmant que voter socialiste ou voter Front national, c’était du pareil au même. Bien sûr que non, que ce n’est pas la même chose, car on peut ne pas être d’accord avec le socialisme, soit, mais on ne peut pas ne pas reconnaître que les socialistes ne sont pas républicains alors que les gens qui composent le parti de Marine Le Pen, eux, ne le sont pas,  réublicains, même si Marine Le Pen s’évertue à faire croire le contraire en feignant de défendre les valeurs de la France. La seule chose qu’elle défend en réalité, c’est son image et sa position sur l’échiquier politique. Le reste, c’est de la propagande. Depuis des années, le Front national s’emploie à s’insinuer dans tous les rouages de la société avec une stratégie de conquête efficace si l’on juge par le comportement décomplexé des électeurs qui votent FN. La dédiabolisation porte ses fruits, on dirait, et Marine a le vent en poupe dont le vaisseau ne bat plus pavillon noir à tête de borne, comme à l’époque où son borgne de père était commandant de bord, un père encombrant qu’elle a fini par débarquer. La fille de Jean-Marie Le Pen se prend pour Jeanne d’Arc, elle entend des voix qui lui commandent de sauver la France. Et en attendant le moment de présider au destin du pays, comme elle l’espère de toute son âme, elle engrange les voix pour les régionales. C’est incroyable, mais tout cela est en train de se passer sous nos yeux. Et même si le parti lepéniste est un attrape-nigaud, force est de constater qu’il élargit de plus en plus son assise électorale, qu’il grossit à vue d’œil.  D’élection en élection, la mayonnaise lepéniste prend, inexorablement, malgré son arrière-goût nauséeux, comme si les électeurs français avaient perdu le sens gustatif. Oui, le Front national est aux portes du pouvoir. À chaque échéance électorale, on entend la porte du toril résonner de plus en plus fort des coups de tête furieux que donne le fauve, jusqu’au moment où il jaillira dans l’arène, comme un éclair noir dans la lumière. Ce jour-là, s’il arrive, il fera nuit en plein jour.   

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