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Billet de blog 10 mars 2014

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Que la République garde Christiane Taubira !

Christiane Taubira est non seulement une femme d’une rare pugnacité mais une garde des Sceaux d’une grande probité pour une rigueur tout aussi grande, ce qui est rare, en ces temps où, de manière générale, la corruption prospère.

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Christiane Taubira est non seulement une femme d’une rare pugnacité mais une garde des Sceaux d’une grande probité pour une rigueur tout aussi grande, ce qui est rare, en ces temps où, de manière générale, la corruption prospère.

Interrogée sur France-Info sur la question des écoutes concernant Nicolas Sarkozy et son ami et avocat Thierry Herzog, des écoutes qui impliqueraient aussi un haut magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert (lequel aurait instruit les deux intéressés des progrès de la Justice sur l’affaire Bettencourt), une question d’autant plus brûlante depuis que l’UMP crie au complot (sous la houlette de Brice Hortefeux notamment ou encore de Luc Chatel, ex-ministre très capillaire de l’Éducation nationale) et que quatre cents avocats ainsi que le bâtonnier du barreau de Paris protestent contre le fait qu’un de leur confrère a été placé sur écoute, arguant de la confidentialité des rapports entre les avocats et leurs clients, la garde des Sceaux vient de le rappeler : confidentialité ne rime pas avec impunité, et s’il était avéré que l’avocat de Nicolas Sarkozy avait effectivement violé la loi, à plus forte raison la Justice se devait de tendre l’oreille.  

Et pour répondre au président du Syndicat de la Magistrature, lequel s’insurge contre cette intrusion d’un juge d’instruction dans la relation sacro-sainte entre un avocat et son client en alléguant que les motifs sont insuffisants pour justifier pareille intervention, la garde des Sceaux, imperturbable, s’étonne de ce que le magistrat puisse avancer cet argument-là dans la mesure où, n’ayant pas accès aux pièces justifiant la décision du juge d’instruction, il n’est pas en mesure d’évaluer le bien-fondé de l’action de ce dernier. Et Christiane Taubira de manifester sa surprise devant la réaction de ce même magistrat, qui en appelle au chef de l’État, lequel, justement, n’a pas à juger du bien-fondé des initiatives de juges d’instruction depuis la séparation entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Car il s’agit bien de cela, en définitive, de la question de l’indépendance de la justice. À tous ceux qui n’en auraient pas encore pris la mesure Christiane Taubira déclare solennellement que l’on a changé d’époque et que la Justice, dans le cadre du droit et des règles qui encadrent les règles de procédure, travaille en toute indépendance. À tous ceux qui s’inquiètent de la décision de placer sur écoute un avocat avec son client, elle le répète, inlassablement, que la loi encadre toutes les règles de procédure, et que, au cas où la décision du juge d’instruction ne serait pas fondée, une instance judiciaire se chargerait d’annuler purement et simplement son action. Christiane Taubira le déclare, la loi a tout prévu en la matière, aussi, qu’on laisse la Justice faire son œuvre en toute sérénité sans passer son temps à jeter le soupçon sur telle ou telle action dès lors qu’elle met en péril un clan politique. De quoi tout cela est-il le signe manifeste, sinon que sous le règne de la droite, et tout particulièrement sous le règne deNicolas Sarkozy et de son clan, pour ne pas dire de sa clique, la Justice a toujours été muselée s’agissant des affaires sensibles, autrement dit, des affaires touchant de près les concernés. Que dit Christiane Taubira ? Que la gauche, depuis qu’elle est au pouvoir, s’emploie à retirer la muselière de la Justice, non pas pour qu’elle morde à tout-va les justiciables, petits et grands,  mais pour que, enfin, elle ait la truffe à l’air libre pour flairer sans entrave ce qui doit l’être. Et Nicolas Sarkozy, plus que tout autre, a de quoi affoler la truffe des juges si l’on en juge par le nombre d’affaires dans lesquelles est impliqué l’ancien président de la République, comme le rappelle opportunément l’article de Fabrice Arfi :

  http://www.mediapart.fr/journal/france/070314/sarkozy-un-homme-en-bande-organisee, de l’affaire Karachi à l’argent sale de Kadhafi, en passant par l’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt ou encore les dessous de l’affaire Bernard Tapie. Il y a tellement d’affaires cachées par Nicolas Sarkozy qu’elles finissent par déborder de toutes parts. La part cachée devient de plus en plus visible chez l’ex-président de la République, et les enregistrements clandestins de son conseiller occulte, Patrick Buisson, participent d’ailleurs à faire remonter tout cela à la surface. Il n’y a que les affidés de Nicolas Sarkozy pour refuser de mesurer la partie immergée de l’iceberg, il n’y a que les gens de l’UMP dont le sort est lié à leur ancien chef pour verser dans le déni et affirmer que rien de cela n’est vrai, que tout cela n’est que complots et affabulations, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui défend l’ancien président comme s’il était un chevalier blanc. Nicolas Sarkozy, s’il n’est pas le Dark Vador de la scène politique française, n’en est pas moins un personnage passablement trouble et inquiétant dont la part d’ombre est si ample qu’elle constitue déjà une sorte de trou noir où tombe la mémoire des responsables politiques de droite de ce pays. 

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