Au micro de BFM-TV ce matin, mercredi 10 décembre 2014, interrogée sur la question de la torture suite à la publication du rapport du Sénat américain qui dénonce le recours à la torture systématique par la CIA sur les détenus de Guantanamo, Marine Le Pen répond que, devant le tic-tac d’une bombe posée par des terroristes, il faut utiliser « les moyens qu’on peut ». Une réponse qui laisse clairement entendre que, pour la présidente du FN, le recours à la torture fait partie de ces moyens-là dans la mesure où elle n’écarte pas cette possibilité.
Peu de temps après, sur son compte Twitter, Matine Le Pen écrit : « Interprétation malveillante. Face au terrorisme, pas d’angélisme. “Les moyens qu’on peut” : les moyens de la loi, évidemment pas la torture. » .
Ce démenti est le parfait exemple de la mauvaise foi de la présidente du FN, qui illustre sa promptitude à se défausser et à s’abriter sous le parapluie de la loi pour ne pas se mouiller.
Que Marine Le Pen légitime le recours à la torture alors même qu’on sait que, sur un plan purement technique, indépendamment de toute considération humaine (si tant est qu’il soit possible d’en faire abstraction), cela est parfaitement improductif comme le révèle le rapport du sénat américain et ce, malgré les dénégations de responsables de la CIA, qui persistent à déclarer que cela a permis de déjouer des attentats sur le sol américain, que Marine Le Pen justifie cela n’est pas surprenant en soi quand on sait que son père, Jean-Marie Le Pen, à l’époque où il fut officier de renseignement à Alger en 1957, déclare avoir eu recours à la torture (Cf. les propos rapportés par le journal Combat le 9 novembre 1962[i]). Le général Paul Aussaresses, dont on sait qu’il eut recours à la torture (notamment sous les ordres du général Jacques Massu[ii]), déclarera avoir croisé Le Pen à la Villa Sésini, alors centre de détention et de torture à Alger et quartier général des légionnaires du 1er Régiment étranger de parachutistes dont Le Pen fut membre lors de la bataille d’Alger.
Bon sang ne saurait mentir. Le démenti de Marine Le Pen sur Twitter met en lumière la duplicité fondamentale de cette femme politique, tiraillée entre le fondamentalisme frontiste incarné par son père, tenant de la ligne dure, et la nouvelle ligne politique qu’elle a initiée depuis qu’elle a succédé à son père, une ligne ayant pour but de donner au FN meilleure mine en lui prêtant un visage plus acceptable, un visage dont elle s’est employée à gommer les aspérités les plus visibles pour le rendre plus lisse. Une stratégie cosmétique qui produit ses effets si l’on en juge la progression de ce parti sur la scène politique française et le rayonnement toxique de ses idées à travers toutes les strates de la société française.
[i] « Je n’ai rien à cacher. Nous avons torturé parce qu’il fallait le faire. Quand on vous amène quelqu’un qui vient de poser vingt bombes qui peuvent exploser d'un moment à l’autre et qu’il ne veut pas parler, il faut employer des moyens exceptionnels pour l’y contraindre. C’est celui qui s’y refuse qui est le criminel car il a sur les mains le sang de dizaines de victimes dont la mort aurait pu être évitée. »
[ii] Lors d’un entretien télévisé en 1971, le général Massu déclarait : « J’ai dit officiellement que je reconnaissais l'existence de la méthode et que je la prenais sous ma responsabilité, et que la torture telle que j'ai autorisé qu'elle soit pratiquée à Alger ne dégrade pas l'individu. »