L’Église catholique romaine a eu son « Docteur angélique », saint Thomas d’Aquin (1224-12174), célèbre pour avoir établi la fameuse liste des Sept péchés capitaux dans sa Somme théologique (un traité resté inachevé), des péchés au fumet défendu irrésistible si l’on en croit le nombre de gourmets qui y ont goûté depuis qu’ils figurent sur la carte morale ecclésiastique.
L’Élysée a eu plus modestement son ex-conseiller, Aquilino Morelle, célèbre pour s’être fait cirer les pompes à l’Élysée. Celui qui fut une des plumes présidentielles agite violemment ses rémiges dans un article que lui consacre Le Point pour dénoncer les purges dont il aurait été la victime, purges organisées à ses dires par la « Tchéka hollandienne ». Pour ceux qui ne seraient pas familiers de l’histoire russe, la Tchéka fut une police politique mise en place par les Bolcheviques, l’ancêtre du KGB. Non content de cette formule outrancière, Morelle va même jusqu’à comparer les récentes évictions au sein du gouvernement à une purification ethnique, en faisant référence au génocide des Tutsis perpétré par les Hutus. Voici les propos que tient l’ex-conseiller élyséen que rapporte scrupuleusement Le Point : « La logique qui est en œuvre est une logique de purification ethnique. C’est les Hutus et les Tutsis. Tout cela est limpide. Cela a commencé par moi et maintenant Arnaud. Là ils ont signé leur crime. C’est d’une pureté ! »
Des propos qui rendent fou Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture comme chacun sait et non pas de la santé mentale. Et dire qu’Aquilo Morelle a écrit des discours pour François Hollande, qu’il a placé des mots dans la bouche présidentielle, il y a de quoi frémir !
La liste de péchés établis par le docteur de l’Église Thomas d’Aquin comprend l’acédie (ou paresse spirituelle), l’orgueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l’envie. Ce que manifeste l’article du Point chez Aquilo Morelle, c’est la présence indéniable de l’orgueil, de la colère et de l’envie avec une pointe de morilles pour le grotesque, tant cet homme infatué de sa personne a l’outrance obscène. Décidément, quand on prend conscience de la réalité humaine qui filtre par les interstices que révèlent les affaires (le chapelet d’affaires) au sommet de l’État, on se rend compte à quel point la République est infestée de parasites. Pour lutter contre la malaria de la pensée, la malaria de la moralité politique avariée, il convient de prendre de la quinine, non pas les morilles toxiques d’Aquilino Morelle.