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Billet de blog 12 décembre 2014

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La faute de l'Homme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Rarement un nom de commune française n’aura mieux porté son nom en ce qui concerne la Faute-sur-Mer, balayée par la tempête Xynthia le 28 février 2010, et dont l’ancien maire, René Marratier, vient d’être condamné à quatre années de prison ferme (et 30 000€ d’amende) par le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne, le juge estimant que le prévenu « connaissait parfaitement les risques d’inondation dans la station balnéaire mais [qu’il] les avaient intentionnellement occultés pour ne pas entraver la manne que représentait l’urbanisation. » Rappelons que la tempête a causé la mort de vingt-neuf personnes sur le sol de cette commune par la faute d’une équipe municipale qui avait octroyé des permis de construire en zone inondable. Bien évidemment, le condamné s’insurge en déclarant être le « lampiste et le bouc émissaire de la situation » alors que son avocat, qui entend faire appel de ce jugement, lui, dénonce « une décision déraisonnable » dans un « procès de sorcellerie ». Ce qui est certain, c’est que les victimes, elles, ne sont pas mortes par hasard ni non plus des suites d’un mauvais sort mais bien en raison de graves négligences nées d’une frénésie immobilière dénoncée par le Procureur et dont le tribunal a établi les responsabilités.

Apparemment, le nom de la « Faute » viendrait du cadastre napoléonien établi en 1811, qui décrit ce prolongement vers le sud de la côte sableuse de la Tranche-sur-Mer comme une suite de dunes incultes parsemées de vasières. Curieux, comme ce vocable fait résonance, comme une prémonition des maux à venir. Car de fait, la Faute-sur-Mer n’a cessé d’être la proie de submersions marines : en 1882, en 1928, en 1937 en 1940 et enfin, en 2010.  Mais voilà, l’homme croit tellement au progrès qu’il en oublie les forces de nature, et surtout, il est tellement cupide qu’il minimise les risques pour augmenter son profit. Jusqu’à la catastrophe finale, évidemment. Ce que révèle la réaction des personnes condamnées par le tribunal des Sables-d’Olonne, qui se défaussent sur la situation au lieu d’assumer leur part de responsabilité dans cette tragédie, c’est un niveau de conscience à marée basse, à marée bien basse même. Car de quoi ce refus de mesurer les conséquences de ses actes est-il le reflet, sinon de la lâcheté, une lâcheté de la plus belle eau ? Elle réside là, la plus grande faute de l’Homme, dans sa lâcheté plus que dans son imbécillité.   

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