My tailor is rich

Sur  cette somme, 35 000 € auraient été réglés en liquide auprès de la maison Arnys, un tailleur réputé de Paris. Il s’agirait de cadeaux offerts par un « ami » dans l’exercice des fonctions du député sarthois, des dons censés être enregistrés auprès du déontologue de l’Assemblée nationale comme le stipule le règlement de l’Assemblée s’agissant de dons supérieurs à 150 €. Si Luc Chatel, propulsé porte-parole de François Fillon depuis la défection de Thierry Solère, dénonce « une campagne de caniveau », un porte-parole d’Anticor, une association qui lutte contre la corruption en politique, y voit au contraire une interrogation légitime dans la mesure où ce genre de cadeau onéreux est susceptible d’obliger François Fillon auprès de son mystérieux mécène, autrement dit, que cela pose la question de son indépendance vis-à-vis des puissances de l’argent. François Fillon a beau jeu de parler d’intrusion dans sa vie privée en disant que cela ne regarde que lui et que les cadeaux reçus n’ont rien de répréhensible, il n’en demeure pas moins que cette révélation, une de plus, décrédibilise plus encore celui qui demandait aux Français de se serrer la ceinture pour redresser la France quand lui se fait offrir pour 50 000 € de costumes de luxe par des « amis ». Cette affaire de cadeaux, plus que l’acharnement d’une presse qui s’acharnerait à tailler un costume au Sarthois, est bien la preuve, s’il en fallait une, que la part immergée du personnage de François Fillon est considérable, pareil  à l’iceberg dont seulement un dixième du volume est visible quand les neuf autres sont immergés. L’historien Gilles Richard, professeur d’Historie contemporaine, auteur de Histoire des droites en France (1815-2017), ouvrage paru en 2017 aux éditions Perrin, estime, lui, que François Fillon est irrémédiablement délégitimé, pour soupçons d’enrichissement personnel et familial, ce que les Français tolèrent le moins. Car la posture de « l’homme-qui-reste-droit-face-à la-bourrasque » ne tient pas quand elle ne fait que révéler l’extrême flexibilité de la supposée droiture du candidat.