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Billet de blog 14 mars 2014

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ЗA ЗДОРОВЬЕ !

La Russie de Vladimir Poutine est décidément une épine dans le pied de la communauté internationale. La préoccupation majeure, à l’heure actuelle, est la Crimée. La Russie est en effet sur le point de procéder à l’annexion pure et simple de cette péninsule peuplée de deux millions d’habitants, une région rattachée à l’Ukraine en 1954, à l’époque soviétique, sur décision de Khrouchtchev.

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La Russie de Vladimir Poutine est décidément une épine dans le pied de la communauté internationale. La préoccupation majeure, à l’heure actuelle, est la Crimée. La Russie est en effet sur le point de procéder à l’annexion pure et simple de cette péninsule peuplée de deux millions d’habitants, une région rattachée à l’Ukraine en 1954, à l’époque soviétique, sur décision de Khrouchtchev. Ce qui se prépare là, au mépris du droit international, constitue la menace la plus grave en Europe depuis la chute du mur de Berlin et nous ramène à une époque qu’on croyait révolue, celle de la guerre froide. Au même moment, alors que la communauté internationale rame[1] avec Vladimir Poutine et que cela sent le roussi en Crimée, la Russie continue à jeter sa poudre aux yeux avec ses jeux para olympiques d’hiver à Sotchi.

Cette menace qui pèse sur l’Ukraine est si sérieuse qu’on en aurait presque oublié le sort de la Syrie, livrée à elle-même, c’est-à-dire, à son boucher Bachar al-Assad, depuis que la diplomatie russe empêche tout traitement de la question syrienne. La Russie soutient le régime syrien en dépit du bon sens diplomatique, en dépit de l’humanité la plus élémentaire, pour ne pas perdre sa zone d’influence au Proche-Orient. Et cela, pour ne pas céder un pouce de terrain face aux Américains, alliés d’Israël. C’est toujours la même partie d’échecs, entre les Etats-Unis d’Amérique et la Russie post-soviétique de Vladimir Poutine, lequel rêve de grandeur, d’où sans doute ce désir de recouvrer la Crimée, terre conquise par la Grande Catherine, qui soumet le Khanat de Crimée en 1768, en manière de se couler dans les pas de l’impératrice de toutes les Russies (à quand un cabinet érotique de Vladimir Poutine, comme celui de Catherine II ?). Et ce faisant, pour garder son influence dans la région, la Russie de Poutine ne craint pas de d’associer à un régime criminel et de couvrir les crimes de Bachar al-Assad et de ses tortionnaires assermentés.   

Non contente d’avoir joué la carte du veto plus de deux années durant au Conseil de sécurité de l’ONU au sujet de la Syrie, la Russie fait désormais obstruction à la saisine de la Cour pénale internationale de la Haye pour instruire les crimes perpétrés dans les prisons syriennes, une instruction rendue possible par l’existence de 50 000 clichés de corps suppliciés dans les geôles syriennes, des clichés authentifiés par des experts en photographie. Ces clichés ont été transmis par un ancien gardien de prison syrien chargé de photographier les prisonniers après leur mort. L’homme, qui se fait appeler Kaizar, pour des raisons de sécurité, est parvenu à s’enfuir en emportant avec lui ces documents accablants pour le régime syrien. Aujourd’hui à l’abri, l’ancien gardien raconte qu’il devait prendre en photo cinquante cadavres de prisonniers par jour. L’existence de ces clichés a permis à trois procureurs internationaux de déclarer, dans un rapport sur les tortures pratiquées systématiquement dans les prisons syriennes, que « la Syrie de Bachar al-Assad est devenue une machine à tuer. »

Mais tout cela n’est pas de nature à émouvoir l’ancien lieutenant-colonel du KGB que fut Vladimir Poutine, l’homme qui n’a pas froid aux yeux, l’homme qui ne recule devant rien pour assouvir sa soif de pouvoir ni devant aucune mascarade, comme celle de la dernière élection présidentielle en Russie. On se rappelle comment lors du naufrage du sous-marin nucléaire russe Koursk survenu le 12 août 2000, dans la mer de Barents, Vladimir Poutine, alors nouvellement élu président de la Fédération de Russie en mars de la même année, avait attendu froidement que les cent dix-huit sous-mariniers à bord soient résolument morts avant d’accepter l’aide étrangère (britannique et norvégienne) une semaine après que le sous-marin eut sombré (la  catastrophe aurait été provoquée par l’explosion accidentelle d’une torpille due à une fuite de liquide propulseur), ce qui révélait au passage l’état calamiteux de la marine russe, incapable de mener à bien une opération de sauvetage tant elle manquait de moyens et des équipements techniques nécessaires. Ce sera une société néerlandaise qui se chargera de renflouer le bâtiment russe.

C’est cela, la politique russe de la terre brûlée, à l’image du traitement de l’affaire du sous-marin Koursk k-141, une politique de glace, pour que rien ne puisse profiter à l’ennemi. Rappelons que les Russes furent experts dans cette politique lors de la bataille de la Moskova, par l’armée impériale russe durant la campagne de Russie de Napoléon 1er en 1812.

Allons, ne nous laissons pas abattre, faisons plutôt comme Gérard Depardieu, grand ami de l’ex-lieutenant-colonel du KGB, un organisme philanthropique, comme chacun sait, et levons notre verre à la santé du grand homme : ЗA ЗДОРОВЬЕ ! (lire :  za zdarovié, « santé » !)


[1] Rappelons que les Varègues, les Vikings suédois, qui faisaient voile vers l’est, s’appelaient aussi Rús.  Le mot viendrait du vieux norrois róthr « ramer » (cf. l’anglais row). Les Slaves auraient appelé Rús, « les gens roux », les Varègues établis à Novgorod et Kiev, dont ils furent les fondateurs.

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