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Billet de blog 14 novembre 2015

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L'état d'urgence en France contre l'Etat islamique

Des spécialistes de la sécurité en France l’avaient déjà laissé entendre, à l’instar de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, nous n’avions encore rien vu. Selon eux, la question n’était pas de savoir si l’on allait subir des attentats en France perpétrés par des séides d’État islamique, mais quand.

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Des spécialistes de la sécurité en France l’avaient déjà laissé entendre, à l’instar de l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, nous n’avions encore rien vu. Selon eux, la question n’était pas de savoir si l’on allait subir des attentats en France perpétrés par des séides d’État islamique, mais quand. On vient d’avoir la confirmation de ce que redoutaient ces gens-là : l’État islamique, cette puissante organisation criminelle qui déploie son ombre sur le Moyen-Orient, vient de déclarer la guerre à la France en envoyant ses tueurs et kamikazes semer la mort et la terreur en plein Paris vendredi soir 13 novembre 2015, car il convient de parler d’un acte de guerre perpétré par des commandos aguerris, un acte qui, pour l’instant (selon le décompte officiel), aurait fait 127 victimes et près de 190 blessés, dont 97 seraient dans un état critique. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier en Europe, depuis les attentats de Madrid en 2004 et ceux de Londres en 2005. La question qui s’impose tout de suite à l’esprit est la suivante : comment une telle chose est-elle possible ? Comment une telle opération, qui dénote un haut niveau de préparation et une forte détermination, loin de l’amateurisme observé par quelques « loups solitaires » appréhendés récemment (comme l’assaillant du Thalys, entre Amsterdam et Paris, cet été), comment une telle chose a-t-elle pu échapper aux services chargés de la sécurité en France ?

Car jusqu’alors, ce genre de tragédie auquel l’actualité nous habitue, hélas, ces attentats meurtriers semblaient le fait de théâtres lointains, loin de la France, en Irak, en Afghanistan ou en Syrie. Et subitement, c’est comme si l’horreur, jusqu’alors lointaine, imposait subitement sa présence en frappant au cœur du pays.  C’est aussi cela, la mondialisation, rendre proche le lointain.  Daech est enfin parvenu à porter son Évangile noir en France, ce message de mort venu du désert irakien. Oui, l’État islamique, dont l’idéologie se répand comme un virus mortel, vient de mettre à exécution ses menaces de représailles contre la France pour sa participation à la coalition internationale contre l’Organisation en Irak et en Syrie, en semant la mort aveuglément dans la capitale. Pour la première fois, l’Organisation vient de frapper en Europe en revendiquant officiellement le bain de sang à Paris.   

La France est en guerre contre l’État islamique, mais il s’agit d’une guerre d’un type nouveau, une guerre terroriste, une guerre à la fois ouverte et souterraine, une guerre déclarée et latente, une guerre à deux visages. En frappant la France, l’État islamique frappe l’Occident et les valeurs qu’il incarne. L’Occident, si vulnérable, de par son fonctionnement fondé sur la liberté justement (avec ses limites et ses devoirs concomitants), saura-t-il fabriquer les anticorps suffisants pour résister au virus mortel de l’État islamique, qui s’attaque à son principe vital ? La guerre contre le terrorisme de l’État islamique pose un véritable enjeu de civilisation, même si le djihadisme, cette foi combattante fanatique que met en avant l’organisation terroriste, semble relever d’une pathologie mentale collective que les spécialistes des sectes connaissent bien, un syndrome de régression humaine qui aboutit à un déni de toutes les valeurs humanistes que la France cultive et qui fondent notre devise républicaine : liberté, égalité, fraternité. 

L’État islamique est un trou noir dans le monde, un trou noir qui s’est installé dans le vide laissé par des états faillis au Moyen-Orient, l’Irak et la Syrie.  Et ce trou noir a un appétit d’ogre. Le dictateur syrien,  Bachar el-Assad, le sait bien, qui n’a eu de cesse de nourrir ce trou noir, même s’il s’en défend en faisant croire qu’il lutte contre. Et la Russie de Poutine aussi, par son soutien inconditionnel au dictateur syrien, un trou qui menace d’engloutir tout le Moyen-Orient si l’on n’y prête pas garde. Dans cette partie du monde, l’humanité risque de basculer du côté obscur de la force, et c’est ce que cet acte de guerre vient nous rappeler, en invitant brutalement la tragédie du Moyen-Orient en plein Paris. 

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