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Billet de blog 16 octobre 2014

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L'âme du mal

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La gare de Perpignan, selon Salvador Dali, était le centre du monde. Ce qui est certain, c’est qu’elle est au centre d’un mystère sanglant, puisque, entre 1995 et 2001, quatre jeunes et jolies jeunes femmes brunes typées, Tatiana Andúlar (disparue le 24-09-1995 et dont le corps n’a encore jamais été retrouvé), Moktaraia Chaïb (disparue le 20-12-1997), Marie-Hélène González (disparue le 16-06-1998) et Fatima Idrahou (disparue le 09-02-2001) ont été enlevées aux alentours de la gare, tuées et dépecées pour deux d’entre elles : Moktaria  Chaïb et Marie-Hélène González ont eu leurs organes génitaux mutilés, Marie-Hélène  González ayant en plus été décapitée et les mains sectionnées (sa tête et ses mains n’ont jamais été retrouvées). Pour l’instant, un seul coupable a été appréhendé, Marc Delpech, condamné en 2004 pour une réclusion criminelle de 30 ans pour l’enlèvement, le viol et le meurtre de Fatima Idrahou dont on a retrouvé le cadavre dénudé sur les bords de l’étang de Canet, non loin du domicile de  l’auteur du crime, un tenancier de bar perpignanais. Quant aux trois autres jeunes femmes,  le ou les responsables de leur mort n’étaient toujours pas identifiés jusqu’à ce que tout récemment, l’ADN de l’agresseur de Mokhtaria Chaïb a été identifié comme celui d’un homme de 54 ans, magasinier de son état, qui a déjà fait de la prison pour des agressions sexuelles et des violences sur personne, qui vient d’avouer le meurtre. Rappelons que la victime a été retrouvée nue avec les seins découpés au scalpel ainsi que l’utérus, un travail de professionnel  aux dires des spécialistes de l’identité  judiciaires présents sur la scène de crime. Tatiana Andúlar et Marie-Hélène González ont en commun d’être sorties de la gare de Perpignan et passées devant le café Figuerre, juste avant un quartier de garages et d’ateliers désaffectés de Perpignan.  

Il y a bien eu un autre suspect, d’origine péruvienne, un certain Andrès Avelino Palomino Barrios, qui exerça comme interne dans des hôpitaux comme à Montpellier, Nîmes ou encore Béziers, avant qu’on ne se rende compte que ses diplômes étaient falsifiés. Entre-temps, l’hôpital de Perpignan l’avait congédié pour vol de matériel médical. Particularité de ce médecin péruvien auquel s’intéressait la police, il s’apprêtait à passer un CAP de boucher. Après la découverte d’un de ses cheveux sur un passe-montagne abandonné à proximité de la scène de crime où l’on retrouve le cadavre de Mokhtaria Chaïb, il sera arrêté puis relâché au bout de cinq mois, faute de preuve, quand Marie-Hélène González est assassinée à son tour. En, 2012, cet individu sera retrouvé mort, étranglé à son domicile, à Valence, en Espagne, alors qu’il devait passer en jugement dans ce même pays pour exercice illégal de la médecine.

Depuis 2010, Les soupçons se portèrent aussi sur un ressortissant espagnol,  le dénommé Esteban Reig, qui s’est suicidé en 2002 dans la prison de Villefranche-sur-Saône.  Ce toxicomane était connu pour sa violence extrême. Il fut condamné par les assises du Rhône pour le meurtre atroce de son colocataire,  quand il vivait à Lyon : après avoir poignardé la victime, il découpa soigneusement son cadavre victime dont il disposa les morceaux dans des sacs en plastique. Faits troublants : cet individu vivait à Perpignan à l’époque où les meurtres de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène González furent commis, entre 1997 et 1998,  et fréquentait le quartier de la gare, notamment le café Figuerres.

Le meurtre de Mokhtaria Chaïb n’est pas sans évoquer, par son horreur, l’affaire du Dahlia noir relatée par James Ellroy dont l’écrivain tira un roman en 1987, qui fut porté au grand écran par Brian de Palma en 2006. Il s’agit de l’affaire non élucidée du meurtre d’Elizabeth Ann Short, dont le corps fut retrouvé mutilé et coupé en deux au niveau du bassin et vidé de son sang dans un terrain vague de Los Angeles le 15 janvier 1947 — le surnom de Dahlia noir donné à la victime proviendrait soit de sa coiffure (ou d’une fleur qu’elle portait dans les cheveux), soit des vêtements noirs qu’elle portait au moment du meurtre.

Rappelons que le maître de Figueras, qui avait sacré la gare de Perpignan « centre du monde »,  a peint la figure macabre du sex-appeal : une femme sans tête, sans mains et aux seins coupés. Il y a un autre tableau qui frappe le regard, celui de René Magritte qui s’intitule Viol et qui montre une femme avec des seins à la place des yeux et son sexe à la place de la bouche. À tous ces (mâles) malades qui voient une vulve à la bouche d’une femme pour la réduire au silence, la parole de l’ADN est là pour faire toute la lumière sur l’âme du mal (du mâle). 

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