Philippe de Villiers peut être fier : alors que les producteurs de fruits et légumes français subissent l’embargo russe en réponse à la position de l’Europe suite aux manoeuvres russes dans l’est de l’Ukraine, le fondateur du Puy-du-Fou a réussi le tour de force à exporter le concept du spectacle vendéen auprès de Vladimir Poutine. Ainsi donc, la Russie du Grand Poutine devrait accueillir le Puy-du-Fou en deux lieux, à Moscou et en Crimée, presqu’île ukrainienne récemment annexée par la Russie contre toutes les règles du droit international. Ce qui ne semble pas faire ciller Philippe de Villiers, lequel fait flèche de tout bois — Puy-du-Fou vient du latin podium « hauteur » et fagus « hêtre », soit littéralement « colline du hêtre » —, en politique comme en affaires : témoin son alliance contre nature en 1999 avec Charles Pasqua, alors entré en dissidence avec le RPR, une alliance qui fera long feu.
Ainsi, Philippe de Villiers, qui expliquait en 2014 qu’il ne se représentait pas aux élections européennes parce qu’il trouvait beaucoup plus intéressant de se consacrer au Puy-du-Fou qu’à la politique, devenue « un cloaque » selon lui, participe sans nul doute à l’assainissement du monde en passant par-dessus l’éthique politique, dont il se soucie comme d’une guigne. La politique n’a d’ailleurs jamais consisté pour ce partisan du souverainisme à servir l’intérêt général mais à faire adopter ses vues par le plus grand nombre, ce qui est sensiblement différent. Et que l’Europe échoue pour l’instant à faire entendre raison à Vladimir Poutine ne gêne nullement le chouan de Villiers pour traiter avec l’ancien lieutenant-colonel du KGB. Après tout, Vladimir Poutine n’est-il pas l’ami des arts, lui qui a accueilli à bras ouverts Gérard Depardieu, Cyrano à la triste figure ?